Habiter poétiquement le monde

J’allie en moi la tentation du poète qui se veut le danseur de l’instant, le figurant fugitif de l’éphémère sans prix, et la tentation antithétique du sculpteur qui voudrait se faire le danseur immobile de l’éternité.

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L’inspiration n’est pas un privilège exclusif des poètes, ou des artistes en général. Il existe, il a toujours existé, il existera toujours d’autres hommes qu’elle fréquente. Ce sont ceux qui, en toute connaissance de cause, choisissent leur travail, et l’exercent avec amour et imagination. Certains sont médecins, d’autres enseignants ou jardiniers, que sais-je encore. Leur travail peut devenir une aventure permanente, à condition qu’ils sachent en faire jaillir toujours de nouveaux défis. En dépit de toutes les peines, de toutes les défaites, leur curiosité ne tarit jamais. De chaque solution qu’ils trouvent, s’envole un essaim de questions nouvelles. L’inspiration, quelle que soit sa véritable nature, naît d’un éternel « je ne sais pas ». de Wyslawa SZYMBORSKA – Discours de réception du Prix Nobel de littérature, 1996

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Il a beaucoup gagné celui qui parvient à comprendre la vie sans avoir l’âme en deuil.

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Habiter poétiquement le monde ne se fait pas dans le meilleur des mondes possibles.

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Une fois apaisé, le malheur fait [par exemple] souvent ressentir plus intensément les beautés de ce monde, accroît la sensibilité.

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La chose la plus anodine, comme la chose la plus répugnante, pour cela précisément qu’elles sont ce qu’elles sont, recèlent les secrets qui font défaut pour que l’existence recouvre une valeur autre que quelconque.

Frédéric Brun dans Habiter poétiquement le monde

Une pièce musicale de Alexandra Stréliski – Par la fenêtre de Théo