Par delà le marché

Klee 18

Qui n’a pas entendu l’expression que rien n’est gratuit dans la vie. Subtilement, elle introduit dans notre inconscient collectif que ce qui a de la valeur doit se monnayer. Et si ce n’était pas toujours le cas? Et si nous pouvions vivre différemment?

Tout se paie, affirment les économistes sur le ton de l’évidence. Une bonne partie de notre formation repose sur cette vision économique qui exclut tout désintéressement dans les rapports humains. Selon certains, l’économie de marché idéale, implique que chaque chose a une valeur monnayable. C’est la logique du système. L’efficacité économique est ainsi fixée par la loi de l’offre et de la demande. Toute gratuité révèle une défaillance du marché et un problème à régler.

D’ailleurs, certains économistes pousseront plus loin le raisonnement en mettant en lumière l’intervention des instances publiques afin de réguler, par la taxation et l’impôt, la distribution de la richesse.

Le danger avec ce type de représentation du monde dans lequel nous vivons, c’est que les activités non productives, telles que l’entraide, les services aux personnes démunies ou le bénévolat deviennent des anomalies.  Et c’est là que ma voix s’élève pour rappeler que tout développement économique durable repose sur le développement social d’une communauté.

Henri Mintzberg propose dans Rééquilibrer la société — Pour un renouvellement radical au-delà de la gauche, de la droite et du centre, un modèle de solidarité basé sur trois piliers, le service public, les services privés et les services de la collectivité. L’angle qu’il prend n’est pas la valeur, mais la contribution.

Il arrive que quelque chose d’une grande valeur soit gratuit, je pense à une amitié sincère et authentique, je pense à une balade dans un boisé, je pense au don de sang, je pense au coucher de soleil, à une zone libre Wi-Fi, à un refuge, à un échange avec une personne d’une grande sagesse. Vous savez comme moi que le marché n’est pas en péril pour autant, au contraire, il se vit mieux.

Le prix vient réguler un échange, la valeur réelle provient de l’impact social associé. Le prix chute lorsqu’il y a plus de demandes. Le don n’a pas de prix, c’est pourquoi il est d’une valeur inestimable.

L’activité humaine est, pour qui sait voir, n’est pas une valeur ajoutée. Elle est la vie. C’est l’inestimable de notre humanité, une personne ayant une vie engagée envers autrui, vivant modestement et avec humilité, est en train de recréer l’équilibre.

Une chanson de Fred Pellerin – C’est combien

COPYRIGHT – DROIT D’AUTEUR 2018 – Daniel Jean – Vous pouvez copier ce texte en indiquant la source dandanjean.wordpress.com, SVP ne pas modifier les textes et le contenu sans approbation, merci.