
Nixivan avait réuni ses amis à dîner et il préparait un succulent rôti. Soudain, il s’aperçut qu’il n’avait plus de sel.
Nixivan appela son fils : – va jusqu’au village et achète du sel. Mais paie le à son juste prix : ni plus cher, ni moins cher.
L’enfant s’étonna : – je comprends que l’on ne doive pas le payer plus cher, papa. Mais si je peux marchander un peu, pourquoi ne pas économiser quelque argent ?
– Dans une grande ville, c’est à conseiller? Mais dans une petite ville comme la nôtre, tout le village périrait.
Lorsque les invités, qui avaient assisté à la conversation, voulurent savoir pourquoi on ne devait pas payer le sel moins cher, Nixivan expliqua : – celui qui vend le sel au-dessous de son prix agit sans doute ainsi parce qu’il a désespérément besoin d’argent. Celui qui profite de cette situation ne respecte pas les efforts et la sueur de l’homme qui a travaillé pour produire quelque chose.
– Mais cela ne suffit pas à faire périr un village.
– De même, au commencement du monde, il y avait peu d’injustice. Puis chacun, au fil du temps, a fini par ajouter quelque chose, pensant toujours que cela n’avait pas grande importance, et voyez où nous en sommes aujourd’hui.
*
-Qu’est-ce qu’un « bon professeur »?
-C’est celui qui examine tout ce qu’il enseigne. Les idées anciennes ne peuvent pas rendre l’homme esclave, parce qu’elles s’adaptent et gagnent des formes nouvelles. Alors, nous prenons la richesse philosophique du passé sans oublier les défis que le présent nous propose.
-Qu-est-ce qu’un bon élève ?
-C’est celui qui écoute mes paroles, mais adapte mes enseignements à sa vie et ne les suit jamais au pied de la lettre. Celui qui ne cherche pas un emploi, mais un travail qui le rende digne. Celui qui ne cherche pas à être noté, mais à accomplir quelque chose de notable.
Paolo Coelho dans Sol en Si : Histoires d’enfance
Une pièce musicale de Alexandra Stréliski – BORDERS
