
Lorsque nous marchons dans la ville, nous croisons d’innombrables portes. Souvent, nous n’y portons pas attention.
Pourtant, toute porte représente un passage vers quelque chose d’autre. La porte peut s’ouvrir et se fermer ; c’est sa fonction. Elle est une séparation entre deux espaces et représente une fonction protectrice. Selon que la porte soit ouverte, entrouverte ou fermée, notre rapport avec celle-ci sera déterminé par la symbolique que nous lui accordons ici et maintenant.
Pour certains, il s’agit d’un simple objet. Pour d’autres, c’est un lieu de passage vers les possibles. C’est un passage à la fois d’arrivée (fin) ou de départ (commencement), et souvent le point de bascule d’un changement, et en ce sens, elle représente une voie de passage vers ailleurs, une voie de passage marquant à la fois la fermeture d’un lieu et l’introduction d’un autre.
Ainsi, certaines portes peuvent nous apparaître comme une invitation, comme un retour à un lieu d’appartenance, ou à une découverte convoitée, et d’autres portes ont pour fonction d’interdire l’accès.
Mircea Eliade qui a réfléchi à la question parle de rite de passage conscient ou souvent inconscient.
La fonction d’un rite de passage est d’offrir l’occasion de nous remettre en question. La porte agit comme un portail entre le monde intérieur et le monde extérieur permettant d’opérer une transformation. C’est une voie de passage permettant autant d’avancer sur les deux dimensions.
Il existe des traditions, par exemple dans le bouddhisme, ou une banderole avec un message symbolique (par exemple le mantra de la compassion) est apposée au-dessus d’une porte afin de rappeler aux passants que toute porte annonce un rendez-vous avec soi-même.
Dans bon nombre de culture, la porte symbolise l’entrée dans le monde sacré : on pense aux portails des cathédrales, aux toranas hindous ou bouddhiques, ou encore aux toriis japonais.
Pour les concepteurs, dont les architectes, les portes sont toujours l’objet d’une attention particulière. Elles annoncent la nature, la fonction et même le statut social du bâtiment. Selon la grandeur, le design et la couleur, elle peut représenter un message social, notamment par l’affichage qui lui confère une fonction économique, juridique, fiscale, militaire, ou sacrée. Parfois, elles sont de vraies œuvres d’art.
Et que penser de la symbolique autour de la conception d’une fausse porte.
Beaucoup de portes peuvent être franchies au cours d’une vie, de manière plus ou moins heureuse. Refuser d’ouvrir une porte, c’est renoncer à se libérer du connu souvent par peur, par orgueil, par interdiction ou par attachement. Nous oublions que le seul gardien de la porte qui est déterminant, c’est nous-mêmes. Celui qui s’inclinera devant nous est un leurre.
Accepter d’ouvrir la porte, c’est tenter une voie de passage en lâchant prise, en avançant vers un nouveau lieu, en plongeant en même temps en soi pour accepter de s’affranchir. C’est trouver sa seule demeure, la vie.
Une chanson de I Muvrini – Ne fermez pas la porte
Les paroles sur https://genius.com/I-muvrini-ne-fermez-pas-la-porte-lyrics
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