Je marchais dans la forêt non loin de chez moi d’un pas lent, la journée était calme et belle.  Le soleil était chaud et lumineux et ses rayons tissaient la joie de regarder. Comme à mon habitude, je me suis arrêté au bord du lac.  Encore une fois, j’ai découvert que même les gestes répétitifs ne sont pas anodins, car ils finissent toujours par dévoiler un autre aspect de notre réalité.

Ce matin-là, je me suis penché vers le lac pour m’abreuver un peu d’eau, et j’ai vu mon reflet, puis en surexposition la profondeur de l’eau. Comme un refrain qui s’enlace à nos neurones et qui habite tout l’espace auditif, le reflet du lac a rempli mon cerveau et il a brisé ma confiance au reflet du miroir industriel, froid et lisse à la maison. Non pas par désir d’autosatisfaction ou d’autoappréciation, mais, par l’a-tension de voir une image artificielle perdre de sa superbe.

Je fixais le reflet de mon visage et, grâce au léger mouvement de l’eau entraînant un jeu de subtile lumière, par la profondeur du reflet et par le son de l’image, je prenais la mesure de notre incapacité à remplacer réellement la nature dans son essence. Je me voyais différemment que chez moi.

Puis, en revenant à la maison, j’ai été saisi par d’autres constats.  S’il est vrai que par le regard des autres nous recherchons des bribes de notre propre reflet tout au long de notre vie, d’abord dans celui de nos parents, puis de nos amis et de nos amours, quel est l’impact de bien voir notre reflet profond? Dans notre intimité, nous recherchons lors de la complicité des présents magiques où deux regards parallèles se renvoient mutuellement des images, la profondeur de ces reflets. Est-ce possible de reconstruire différemment notre identité à partir de nouvelle image de soi?

Je comprenais l’importance de viser l’harmonie et la profondeur dans les eaux de la vie commune afin de mieux voir le contenu des images et les différentes subtilités des reflets. J’envisageais la possibilité de devenir plus qu’un projecteur d’images, mais l’essence profonde afin de rendre les nouveaux horizons possibles.

L’amour véritable ne vise pas à prendre, ce n’est donc pas une question de durée ou de partage, mais il permet de construire une représentation du monde avec cœur et compassion, une vision différente et libérée de nos attaches.

Ainsi, à la fin du jour, comme au terme des parcours de vies, quand bien même que ces doux reflets se seraient évanouis, cette nouvelle vision aura laissé imprimé dans l’esprit des âmes sœurs plus que le souvenir de la plus belle part de la vie.

Une chanson de Gilles Vigneault interprétée par Pierre Lapointe – J’ai pour toi un lac

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