L’homme de la terre

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Lorsqu’il est apparu, il disait qu’il était un homme de la terre. À cette époque, il avait cette liberté de se déplacer là où il le voulait. Il était en quelque sorte partout chez lui.

Puis un jour, il a dû accepter une frontière à ne pas franchir à son gré. Un voisin avait décidé de s’approprier ce petit coin de terre. Il s’est dit que ce n’était pas grave, puisqu’il y avait tant d’espaces disponibles.

Puis, au fil des ans, d’autres voisins ont décidé de faire de même, de s’approprier un coin de terre, de nommer celui-ci, et d’établir leurs propres règles et leurs propres lois.

Lentement la terre s’est fragmentée en centaines de territoires. Il était de plus en plus en difficile de voyager d’un endroit à l’autre sans contraintes. Certains voisins demandaient des droits de passage, ils définissaient la durée acceptable de séjour, et d’autres imposaient un code de vie ou un code vestimentaire.

Toutefois, à bien y regarder, le tableau n’était pas si noir, car dans la majorité de ces territoires, il existait des femmes et des hommes qui refusaient d’en remettre au plan de la partition. Ainsi, notamment lors des jeux de société, ils évitaient d’alimenter les activités de nature compétitive et préféraient contribuer aux jeux de nature coopérative. L’idéal de la solidarité se redessinait différemment, tout simplement.

Aujourd’hui, notre homme n’est plus considéré comme un homme de la terre, mais comme un homme de nulle part. On le dit, selon les différents territoires ou différentes perspectives, errants, sans abri, migrant, étranger, apatride, immigrant, sans papier, voir même gitan.

Je doute que ces noms représentent bien cet homme, qui à mes yeux, demeure un homme de la terre, qui marche, comme d’autres, parfois pieds nus sur la terre sacrée.

Une chanson de Leonard Cohen traduite par Graeme Allwright – L’étranger

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