Antonio José Bolivar dormait peu. Jamais plus de cinq heures par nuit et de deux heures de sieste. Le reste du temps, il le consacrait à lire des romans, à divaguer sur les mystères de l’amour et à imaginer les lieux où se passaient ces histoires.
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Il possédait le seul antidote contre le venin de la vieillesse, il savait lire.
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– De quoi ça parle?
– De l’amour.
A cette réponse du vieux, il se rapprocha, très intéressé.
– Sans blague? Avec des bonnes femmes riches, chaudes et tout?
Le vieux ferma le livre d’un coup sec qui fit trembler la flamme de la lampe.
– Non. Ca parle de l’autre amour, celui qui fait souffrir.
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C’était l’amour pur, sans autre finalité que l’amour pour l’amour. Sans possession et sans jalousie.
– Nul ne peut s’emparer de la foudre dans le ciel, et nul ne peut s’approprier le bonheur de l’autre au moment de l’abandon
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Il avait souvent entendu dire que la vieillesse apporte la sagesse, et il avait attendu avec confiance cette vertu qui devait lui donner ce qu’il désirait le plus : le pouvoir de maîtriser le fil de ses souvenirs et de ne pas tomber dans les pièges que lui tendait parfois sa mémoire.
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Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda
Une chanson avec Peter Gabriel – The Book of Love
Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/270392.html