Le chant du monde

ImAGEMatin champs de fleurs

Quand on s’est délivrée, le jour qui vient est le plus beau. Laisse-la se réveiller dans le soleil.

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Tu es un de ces hommes qui est comme des moyeux. Tu fais ta route sur la ligne plate mais tu sens que la roue tourne autour de toi.

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On ne fait pas des enfants rien qu’avec du lait caillé, vieux père. Et on ne les fait pas comme on veut. On les fait comme on est et ce qu’on est on ne le sait pas. On a tant de choses dans son sang.

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Une lointaine forêt gémissait et parlait avec des mots de rêve.

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Il y avait ici un plus grand silence que dans le bois d’autour. Cela venait des cyprès. Ils buvaient tous les bruits épars comme les grosses éponges et ils ne laissaient couler de leurs feuillages qu’un grondement uniforme et monotone qui était comme le cœur profond du silence.

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Tout l’étincellement de la terre s’éteignait d’un seul coup, deux ou trois grosses étoiles déchiraient le soir, puis, du haut des montagnes, s’écroulait lentement l’entassement des nuages, la neige recommençait à tomber et, la nuit s’étant fermée, il n’y avait plus rien à voir, il ne restait plus qu’à écouter les grands nuages qui battaient des ailes à travers les forêts.

Jean Giono dans Le chant du monde

Une pièce musicale en hommage au roman Le chant du monde – Paul & Les Autres

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