Le Silmarillion, tout un monde

Les Premiers jours du Monde étaient à peine passés quand Fëanor, le plus doué des elfes, créa les trois Silmarils. Ces trois bijoux renfermaient la Lumière des Deux Arbres de Valinor. Morgoth, le premier Prince de la Nuit, était encore sur la Terre du Milieu, et il fut fâché d’apprendre que la Lumière allait se perpétuer. Alors il enleva les Silmarils, les fit sertir dans son diadème et garder dans la forteresse d’Angband. Les elfes prirent les armes pour reprendre les joyaux et ce fut la première de toutes les guerres. Longtemps, longtemps après, lors de la Guerre de l’Anneau, Elrond et Galadriel en parlaient encore.

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Il arriva, un jour avant la venue du printemps, que Lùthien dansait sur une colline verdoyante, et qu’elle se mit soudain à chanter d’une voix haute et claire, un chant qui vous perçait le cœur comme celui de l’alouette quand il s’élève des portes de la nuit pour lancer sa mélodie vers les étoiles mourantes, voyant déjà le soleil derrière les murailles du monde. Et le chant de Lùthien défit les liens de l’hiver, libéra les eaux gelées qui se mirent à bruire, et des fleurs naquirent de la terre glacée là où s’étaient posés ses pas.

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Les hommes s’éveillèrent, ils écoutèrent Felagund chanter et jouer de la harpe et chacun crut qu’il était dans quelques rêves enchantés avant de voir que tous ses compagnons écoutaient aussi, mais aucun ne bougea ni ne parla avant que Felagund n’eut pas terminé, tant la musique était belle et telle était la magie de ce chant. Les paroles du roi des Elfes étaient empreintes de sagesse et ceux qui l’écoutaient en devenaient plus sages, car ce que son chant disait, la création d’Arda, le bonheur d’Aman avant les ombres de la mer, s’offrait à leurs yeux avec la clarté d’une vision et la langue des Elfes se faisait entendre à chacun suivant ce que son esprit pouvait en comprendre.

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Pour les plus humbles comme pour les plus grands il est une œuvre qu’il ne leur est donné d’accomplir qu’une fois, et dans cette œuvre leur cœur se met tout entier.

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Le monde en connait beaucoup, dit Mthrandir, et souvent l’aide vient des faibles quand les Sages font défaut.

John Ronald Reuel Tolkien dans Le Silmarillion

Une pièce musicale d’Eurielle – The Silmarillion (Part 6): ‘Lúthien’s Lament’

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