L’homme-joie

Car c’est être poète que regarder la vie et la mort en face, et réveiller les étoiles dans le néant des cœurs.

*

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Cette parole du Christ est la parole la plus amoureuse qui soit.

Chacun en connaît la vibration intime.

Aucune vie ne peut faire l’économie de ce cri.

Cette parole est le cœur de l’amour, sa flamme qui tremble, se couche et ne s’éteint pas. Elle est aussi bien la seule preuve de l’existence de Dieu : on ne s’adresse pas au néant.

On ne fait pas de reproche au vide.

*

Ce cri qui s’en va exploser contre la gueule de marbre d’un Dieu muet, fait de celui qui le jette notre intime, le plus proche d’entre les proches : nous-même quand la confiance s’en va de nous comme le sang par une veine coupée et que nous continuons à parler amoureusement à ce qui nous tue.

Il faut que le noir s’accentue pour que la première étoile apparaisse.

Christian Bobin dans L’homme-joie

Une pièce musicale de Amanda Ventura – The Way

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