Vacuité

« Vacuité » n’est en aucun cas synonyme de néant. Il s’agit de la réalité absolue de tous les phénomènes : n’existant qu’en dépendance les uns des autres, les phénomènes sont dépourvus d’existence autonome. Ils apparaissent cependant, mais leur apparence n’a qu’une réalité relative. Cette dernière réalité, appelée vérité conventionnelle ou d’enveloppement, est un piège pour l’ignorant qui prend ce qu’il perçoit par les sens pour l’unique vérité. Une telle croyance le plonge dans l’illusion qui engendre à son tour karma et souffrance.

En fait, les réalités absolue et relative d’un phénomène sont indissociables comme les deux faces d’une pièce de monnaie. La philosophie de la vacuité n’est ni nihiliste, puisqu’elle admet la vérité relative des phénomènes, ni éternaliste puisque, selon elle, rien de réel n’a jamais été créé ni ne sera vraiment détruit.

Cette vision débouche en vérité sur une ouverture spirituelle infinie et sur la compassion sans références.

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Dans cette claire vacuité où les pensées passées se sont évanouies sans trace aucune,

Dans cette fraîcheur où les pensées à venir ne sont pas encore :

A l’instant où s’établit le mode naturel sans fabrications,

Voici cette conscience qui, à ce moment, est en elle-même tout ordinaire,

Et dès que vous tournez votre regard nu sur vous-même,

Ce regard qui n’a rien à voir débouche sur la clarté,

La Présence dans son évidence, nue et vive,

C’est une pure vacuité qui n’a été créée d’aucune manière.

Un état inaltéré où clarté et vide sont indivisibles,

Ni éternel puisque rien n’y existe vraiment

Ni néant puisqu’il est clair et vif.

Il ne se réduit pas à l’un, étant présent et limpide en toutes choses.

Et n’est pas le multiple, car tout y est d’une saveur unique dans l’inséparabilité,

Telle est cette Présence intrinsèque et elle n’est rien d’autre.

Philippe Cornu dans Padmasambhava : La Magie de l’Éveil

Une pièce musicale de Prélude de la 1ère Suite pour violoncelle solo de J.S. Bach

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