Paroles de sérénité…

Le roi indien Akbar avait tout en excès. Traditionnellement, dans chaque cour royale, il y avait un sage. Lui en avait neuf, dit la légende.

Un jour, brusquement, il s’adresse à eux dans la salle d’audience : « Dites-moi donc qu’est-ce qui pourrait faire que, lorsque je suis dans la joie, je ne sois pas emporté par la joie ? Et lorsque je suis dans la tristesse, je ne sois pas emporté par la tristesse ? Répondez-moi rapidement. »

Les sages se regardent, se concertent, et disent au roi : « Maharaja, confie-nous ta bague royale, nous te répondrons demain. »

Surpris, le roi accepte.

Le lendemain, le plus jeune des sages, presque un enfant, s’avance vers lui et dit : « J’ai la réponse : mais pour l’écouter il te faut quitter le trône et me laisser la place ». Toujours surpris, mais déjà à demi courroucé, le roi accepté et se met en position d’entendre, d’un air sévère, la réponse à sa question. Le jeune homme installé sur le trône tend alors la bague royale au roi en disant : « Es-tu en ce moment dans la joie dans la tristesse ? »

« Non, répond le roi de plus en plus énervé, j’entre dans la colère et je sens qu’elle va m’emporter ! »

« Alors regarde ta bague », dit le jeune sage en descendant du trône.

Et le roi découvre alors, gravée sur l’anneau, cette phrase : « Même cela passe ».

*

J’ai passé bien des heures de ma vie à regarder pousser l’herbe ou à contempler la sérénité des grosses pierres au clair de lune. Je m’identifiais tellement au mode d’existence de ces choses tranquilles, prétendues inertes, que j’arrivais à participer à leur calme béatitude.

Marc de Smedt dans Paroles de sérénité

Une pièce musicale de Kitaro – Hajimari

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