Un jardin

Imaginons que chaque être est un jardin.

Un jardin dans lequel toutes sortes de jardiniers ont plantés des clôtures, dessinés des espaces.

Ce jardin, nous le visitons rarement.

Nous l’avons laissé aux mains de paysagistes et ne prenons garde de son état, car nous sommes des êtres pressés.

Cependant, quand nous prenons le temps du silence et de la vacuité, nous pouvons aller dans ce jardin.

Et là, nous pouvons voir à quel point cet espace est réduit à sa part congrue, nous laissant une impression d’enfermement, d’oppression.

Il règne un tel fouillis que peu de lumière entre, que nous ne distinguons rien de cohérent, d’harmonieux.

Nous ne nous sentons pas très bien dans ce paysage sombre et fermé dans lequel nous ne pouvons pas faire un pas sans nous heurter ici et là.

Les plantes sont en souffrance, surtout celles que nous préférions.

Quand nous prenons le temps du silence, nous pouvons nous réapproprier ce lieu.

Nous pouvons commencer à élaguer les ronciers, les espèces opportunistes, qui sont autant de peurs, d’injonctions, de croyances, de limitations de toutes sortes.

Chaque fois que nous observons notre jardin, et que nous décidons de le libérer d’un bout de clôture, d’un buisson envahissant, d’élaguer ce qui n’a pas sa place ici, la lumière gagne du terrain et notre jardin s’agrandit.

Les fleurs que nous chérissons qui sont autant d’élans délaissés, peuvent doucement se redresser et s’épanouir.

Nous gagnons en liberté, de mouvements, de respiration.

Ce qui nous oppressait se libère, s’allège.

Nous nous retrouvons dans cet espace où nous nous étions égarés.

À mesure que nous mettons à jour tout ce qui était caché, enseveli, contenu par les desseins, des autres, notre être s’expanse.

La patience, le temps d’œuvrer avec amour et curiosité, sans jugements, sont les seuls choses dont nous avons besoin pour nous affranchir de nos entraves.

Angélica Mary sur http://www.angelica-mary.fr

Une pièce musicale de Clémence DesRochers interprétée avec Marie Michèle Desrosiers – Je ferai un jardin

Les paroles sur http://www.cyberus.ca/~rg/ch_d020.htm