D’amour et de connaissance

Considérée de cette façon, la complexité déconcertante de la nature devient une danse, sans autre but que les figures exécutées. Pris dans l’illusion du temps et de la finalité, la danse et le rythme extatique des choses sont masqués, et apparaissent comme une chasse éperdue, une lutte contre le retard et l’obstacle. Une fois reconnu le non-sens ultime de cette chasse, l’esprit s’apaise et perçoit le rythme du cosmos; il découvre que l’intentionnalité (intemporelle) du processus atteint sa fin à chaque instant.

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Lorsque l’esprit glisse à son insu dans une attitude réceptive, il lui arrive d’être gratifié d’une perception « magique » du monde.

Les impressions affectant les esprits agités et perpétuellement en quête de quelque chose se trouvent malheureusement brouillées par la vitesse à laquelle elles sont reçues, si bien que le rythme des formes du monde passe inaperçu, et que ses couleurs paraissent plates et sans irradiation intérieure.

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L’existence du sage est une vie qui s’abandonne sans calcul au présent.

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Au moment même où l’on veut saisir l’instant qui passe afin d’en tirer quelque chose, celui-ci semble nous échapper.

Quiconque cherche à tirer quelque chose de son expérience présente s’en trouve séparé par là-même: il est sujet, et elle objet. Il ne voit pas qu’il EST cette expérience, et que s’efforcer d’en tirer quelque chose revient à se poursuivre soi-même.

Alan Wilson Watts (1915 – 1973) est l’un des pères de la contre-culture en Amérique. Philosophe, écrivain, conférencier et expert en religion comparée.

« Le meilleur livre que j’aie écrit, au moins du point de vue littéraire « , disait Alan Watts d’Amour et Connaissance. Publié aux Etats-Unis en 1958 sous le titre Nature, Man and Woman, cet essai reste étonnamment actuel. En un style alerte, incisif, plein de poésie et d’humour, l’auteur dénonce un certain nombre d’oppositions arbitraires qui ont fondé la civilisation chrétienne :  » moi  » et l’autre, bien et mal, amour et connaissance, et surtout esprit (masculin) et nature (féminine) – cette dernière faille étant reliée à toute une problématique sexuelle. A cette conception dualiste, rigide et agressive à la fois envers la femme et envers la nature, Alan Watts substitue la vision souple, unitive, globale des sages d’Extrême-Orient, qui privilégient l’art de sentir, la spontanéité,  » la joie intense qui accompagne la révélation que nous sommes éphémères et transparents « . Il ouvre ainsi la voie d’une écologie authentiquement spirituelle ainsi que d’une sexualité contemplative, généreuse, source possible et expression d’Éveil.

Alan Watts dans Amour et connaissance

Une pièce musicale de Markus Däunert – Chemin du cœur

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