Situations de handicap

Méchant comme un enfant qui brasse la matrice normative culturelle des adultes. Il ne sait pas que le langage peut-être arme lorsqu’il intimide un copain. Les mots et les gestes signifiants doivent être maniés avec prudence. Ils peuvent être profondément blessants. Ils sont sources de vulnérabilité chez l’étranger, l’autre, le corps différent, l’esprit voyageur, l’être malade.

Collectivement l’essentialisation d’un groupe de population à la catégorisation « vulnérable » produit à la fois de la stigmatisation, de l’oppression, la réduction de son être singulier à ce trait spécifique, mais aussi appelle à l’instauration d’une protection sociale, à l’accession au statut de question, de problème ou d’indicateur de santé et de sécurité publiques, au recours à des droits humains.

En bref, elle produit potentiellement des situations de handicap. Les corps et esprits différents ne sont pas vulnérables de par leurs malaises, leurs déficiences organiques et leurs incapacités fonctionnelles ou leurs comportements, mais sont soumis à la vulnérabilisation dans leurs relations avec leur niche écologique ou habitat, avec les actants humains et non humains qui interagissent avec eux, pour assurer ou non leur survie, leur prodiguer ou non les nourritures affectives et matérielles et pour étouffer ou stimuler le développement de leurs potentiels, leurs forces et leurs talents. Comme un Inukshuk, qui oriente celui qui passe, vulnérabilisé dans le grand espace nordique, autrui peut donner du sens pour poursuivre, persévérer, vivre la résilience.

Les personnes vivant des situations de handicap ce qui signifie dépendre de la disponibilité et de la fiabilité d’assistance personnelle, d’aides technologiques, de ressources financières et d’aménagements matériel et social inclusifs de leur habitat, de leur espace vital, ont fréquemment la réflexion suivante : Il faut se méfier tout autant de celles et ceux qui nous veulent du mal que celles qui veulent du bien. Voilà peut-être bien posé le paradoxe de la vulnérabilité ressentie, de la vulnérabilité perçue et de la vulnérabilité attribuée comme légitimité de l’intervention bonne ou intrusion normative dans la vie d’autrui.

Travailler à un projet collectif inclusif nécessite non seulement la reconnaissance de nos interdépendances, mais aussi la mise en œuvre politique de la solidarité sociale et de la réduction collective des processus biologiques, sociaux, culturels et économiques de la vulnérabilisation des corps et esprits différents.

Le collectif Penser la vulnérabilité, Penser la situation de handicap est le fruit d’une collaboration franco-québécoise réunissant le CIRRIS (U.Laval), l’ERIAC (U. Rouen) et le CRIV (U. Laval).

A rebours d’un discours rabattant volontiers la question du handicap sur celle de la vulnérabilité, cet ouvrage propose de questionner cette assimilation à partir de la notion de « situation de handicap », qui a contribué à profondément modifier la perception du handicap désormais compris comme résultat d’une construction culturelle et sociale, ouvrant des pistes de réflexion nouvelles sur le bien-être social et la capacité de vivre-ensemble. Ce volume croise approches théoriques et pratiques dans une perspective plurielle convoquant des domaines aussi divers que les sciences de la santé, les technologies, les sciences humaines et sociales, les arts et les lettres.

Sous la direction de Jocelyne Kiss, Geoffreyjen Edwards, Thierry Belleguic Penser la vulnérabilité, penser la situation de handicap

Une pièce musicale de Aimee Man – How Am I Different

Les paroles sur https://fr.muztext.com/lyrics/aimee-mann-how-am-i-different

2 réflexions sur “Situations de handicap

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