Manipulation

Eilish, toi et moi nous sommes des scientifiques, nous appartenons à une certaine tradition, mais qu’est-ce qu’une tradition, sinon ce sur quoi tout le monde s’accorde – chercheurs, enseignants, institutions -, et quand on prend le contrôle des institutions, alors on prend aussi le contrôle des faits, on peut modifier toutes les formes de croyances, les choses sur lesquelles tout le monde s’accorde, et c’est précisément ce qu’ils sont en train de faire. C’est extrêmement simple, Eilish, le NAP s’efforce de transformer ce que toi et moi appelons la réalité, ils entretiennent la confusion, et si l’on prétend qu’une chose en est une autre et qu’on le répète assez longtemps, eh bien elle finit par le devenir, et il suffit de le répéter indéfiniment pour que les gens l’acceptent comme une vérité – rien de bien neuf là-dedans, je sais, sauf que cette fois ça se produit dans ta propre vie, pas dans un bouquin.

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La fin du monde est toujours un événement circonscrit, elle arrive dans votre pays, entre dans votre ville et frappe à votre porte, mais elle n’est pour les autres qu’une vague menace, un bref compte rendu dans un bulletin d’information, l’écho d’événements transformés en récits.

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La mémoire est menteuse et n’obéit qu’à ses propres règles, elle superpose des couches d’images tantôt fidèles tantôt trompeuses, et avec le temps ces strates se dissipent.

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Paul Lynch (1977- ) est un écrivain irlandais. Beaucoup de choses avaient occupé mon esprit les mois précédents, confie aujourd’hui Paul Lynch au “Monde des livres”. L’élection de Trump, le Brexit, un afflux massif de réfugiés syriens en Europe avaient changé la politique, avec une inflexion à droite. J’avais l’impression qu’un changement fondamental s’était produit. Apparaissait dans la sphère politique une tolérance pour des opinions qui n’étaient pas acceptées ­jusque-là. Le Chant du prophète saisit, dans un souffle d’une puissance implacable, le basculement progressif d’une société vers l’autoritarisme. Paul Lynch nous fait vivre cette expérience à travers un regard – celui d’une femme – qui nous renvoie à notre propre aveuglement.

Paul Lynch dans Le chant du prophète

Une pièce musicale Whispers of the Oud 

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