
« Je suis là. » Pas un mot de plus. Et pourtant bien plus que des mots. Une présence, affirmée, assumée, qui a chassé, ce soir-là, la peur et la solitude. Il ne restait que la peine à vivre.
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On perd ceux qui meurent une fois en entier, puis on les perd sans cesse en détail. Ce sont ces détails qui font le plus mal.
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Nul n’est consolé de savoir qu’autrui vit une situation plus difficile encore.
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Elle peut vivre la joie parce qu’elle sait pleurer dans le noir. Et dans les bras qui l’accueillent aussi. On appelle ça la force ou le courage. Elle, elle sait qu’il s’agit simplement de confiance.
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Plusieurs lui disent, en la voyant rayonnante : » Qu’est-ce que tu es forte ! » Elle répond d’un mot, politesse choisie, mais l’azur de ses yeux s’enténèbre. Une ombre furtive qu’elle chasse dans un sourire. Je sais ce qu’elle pense avant même qu’elle le dise. Forte de quoi ? De se réjouir aujourd’hui ? D’être debout, D’être en vie ? Mais a-t-on le choix ? Quand c’est l’instinct de survie qui guide nos gestes et nos pas ? On n’est pas fort de sourire. Le véritable courage, c’est faire en soi un espace à la peine. Un lieu immatériel où elle peut s’exprimer. L’autoriser à habiter le cœur et les pensées. Sans la laisser coloniser. Juste à sa place. A sa juste place. La vivre comme elle vient, quand elle vient.
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On apprend le bonheur autrement. La joie des petits riens, la vie dans l’instant. On savoure les pas de côté, l’éclat des rires malgré la peine. Et on pleure. Beaucoup. Ensemble. On comprend que la consolation ne chasse pas la souffrance, elle apporte la paix. Celle qui permet de vivre sa peine sans peur.
Anne-Dauphine Julliand a perdu ses deux filles, Thaïs et Azylis, d’une maladie orpheline. Quinze ans plus tard, son fils aîné se suicide. Dans ce récit, elle interroge son présent et cherche à comprendre comment sa vie et celle de sa famille peuvent malgré tout continuer. Elle raconte les petits et les grands pas vers la survie. Des mots justes, généreux, empreints de compassion et, surtout, d’un courage indescriptible.
Anne-Dauphine Julliand dans Ajouter de la vie aux jours
Une pièce musicale de Hang Massive – Eyes of Tara

Bonne journée
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Merci pour le commentaire
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Oui, absolument! Je me disais exactement la même chose. Cela relève des mystères de la vie. La résilience de certaines personnes est tel un miracle.
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Merci beaucoup! Je vais me procurer ce livre. Bonne fin de journée
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Merci bonne fin de journée
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Oui le livre est très instructif sur le sujet. Bonne fin de journée
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Quel courage ça prend pour passer par ce type d’épreuve! Je me suis toujours demander comment ces gens faisaient. Le texte apporte une ébauche de comment ça peut se vivre et encore là je ne peux comprendre mais je peux avoir de la compassion, de l’empathie pour les gens qui vivent ces épreuves
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Je suis là! m’a fait penser à mon père lorsqu’il m’écrivait sur iMessage une drôle de sensation a parcouru mon être, comme-ci, il était avec moi. Je referme la parenthèse. Le bouleversant récit de Anne-Dauphine Jullian « Ajouter de la vie aux jours » sera ajouté dans ma liste de lecture à venir.
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