Éloge du silence

Le plus beau symbole du silence ? La flamme d’une bougie dans la pénombre. Sa flamme s’élève, elle brille, et pourtant elle va s’éteindre. Ce pourrait être aussi le symbole de notre action au monde. Cette chance éphémère…

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J’aime aussi la neige qui tombe. Elle est moins silencieuse que le paysage de neige car elle émet alors une sorte de bruissement, un feulement léger, on l’entend tomber presque sans l’entendre. Mais cet amas de ciel qui se déverse en flocons blancs isole du monde et de ses bruits.

La neige, c’est du silence blanc.

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C’est le regard double qui importe : celui qu’on jette (comme un filet) sur autrui, celui qu’on porte (comme une charge) sur soi-même. Si le regard sur l’autre s’avère souvent féroce et en tout cas sans aménité, celui sur soi-même doit l’être aussi, car il est essentiel pour l’évolution de notre caractère de nous rendre compte du jeu de parade auquel notre moi égocentrique se livre sans cesse.

Si le « paraître » empiète sur l’être, notre personnalité vraie en souffre et la fausseté de ce jeu du je se révèle aux autres en pleine lumière.

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Nos gestes et nos silences trahissent notre jeu. À nous de savoir très bien jouer, auquel cas se pose un autre problème : quand on se retrouve seul, que reste-t-il ?

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Le silence vide d’un paysage de neige invite à la concentration, à la méditation et offre la possibilité d’un épanouissement.

C’est cette force et ampleur qui manque à l’homme moderne. Ballotté entre les bureaucraties et les cirques, entre l’ennui et la distraction, incapable de se retrouver dans une civilisation sans culture profonde qui s’efforce de combler, ou du moins de camoufler, son manque fondamental en faisant beaucoup de bruit, le citoyen fuit tout ce qui ressemble au vide, où il pourrait, peut-être, rencontrer et contempler son « visage originel », et se complait, plus ou moins satisfait, mais jamais heureux, dans une médiocrité « bien remplie ».

Marc de Smedt (1946) est un éditeur, journaliste et écrivain français.

Il s’est spécialisé dans les techniques de méditation et les sagesses du monde, qu’il retranscrit et partage dans son œuvre. Dans un monde plus en plus bruyant, la valeur du silence est à redécouvrir.

Marc De Smedt dans Éloge du silence

Une pièce musicale de Alex Nevsky – La lumière qui brule et qui brille 

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