S’ouvrir à l’amour

L’amour de soi, de façon totalement injustifiée, a très mauvaise presse. Nous avons tous entendu des jugements affirmant que s’aimer est narcissique, égoïste, complaisant, l’illusion suprême d’un ego incontrôlé qui cherche à devenir « numéro un ».

La réalité est tout le contraire. En cas de dépressurisation dans un avion, personne ne songerait à qualifier d’égoïste un père qui enfile son propre masque à oxygène avant d’aider son enfant à mettre le sien. D’une façon plus générale, s’aimer sincèrement revient à être en harmonie avec la vie même, donc avec tous les autres.

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En cultivant la tendresse et la compassion pour l’ensemble de notre vie – nos succès, mais aussi toutes nos expériences difficiles et douloureuses –, nous devenons naturellement plus bienveillants et responsables vis-à-vis des autres. Notre cœur s’adoucit et nous comprenons que chacun se débat à sa manière avec cette vie humaine parsemée de merveilles et de chagrins que Zorba le Grec qualifiait de « totale catastrophe ».

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Contrairement à la représentation idéalisée et délicieuse que l’on se fait fréquemment de l’amour, l’amour de soi est une chose difficile. Il ne s’agit pas d’une forme de déni teintée de sentimentalisme. On peut éprouver de la rage, du désir et de la honte comme tout un chacun, mais on apprend à maintenir ces émotions dans un espace d’attention et de sollicitude.

L’amour véritable autorise l’échec et la souffrance. Chacun d’entre nous a commis des erreurs dans sa vie, et même si certaines d’entre elles ont porté à conséquence, il est toujours possible de les considérer avec bienveillance. Quels que soient les problèmes qui ont été les nôtres, ceux que nous nous sommes créés à nous-mêmes ou que nous avons posés aux autres, nous pouvons toujours changer, grandir, nous amender et apprendre à partir du moment où nous nous aimons. L’amour véritable n’est pas un blanc-seing. Il n’encourage pas à ignorer ses difficultés ou à nier ses fautes et ses imperfections. Au contraire, on regarde tout cela en face, mais en persistant à choisir l’amour.

Sharon Salzberg (1952- ) a étudié le bouddhisme en Inde et dirige aujourd’hui des retraites de méditation dans le monde entier.

Sharon Salzberg dans Comment s’ouvrir à l’amour véritable

Une pièce musicale de Robert Haig Coxon From the heart

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