
Le tourisme est une forme de pèlerinage sécularisée ou inconsciente. En fait, de nombreuses attractions touristiques étaient autrefois des lieux de pèlerinage et le sont toujours. Mais alors que les pèlerins visitaient un lieu saint par dévotion religieuse, les touristes le visitent en spectateurs plus ou moins indifférents. Les pèlerins participaient aux qualités sacrées du lieu et aux dévotions qui y étaient pratiquées ; les touristes, non. Les pèlerins enrichissaient la puissance d’un lieu sacré ; les touristes l’appauvrissent.
Le facteur principal d’un pèlerinage est l’intention. Si nous nous rendons en pèlerins dans un lieu sacré, nous le faisons dans l’espoir d’être inspirés ou bénis, ou pour y rendre une action de grâces. Nous pouvons nourrir nos intentions en apprenant l’histoire du lieu et de son esprit et en nous intéressant aux expériences d’autrui. Le voyage en soi fait autant partie du pèlerinage que l’arrivée à destination, et la recherche du confort n’est pas l’objectif premier ; s’en souvenir nous permet de mieux affronter les difficultés que nous risquons de rencontrer.
*
Il est préférable de terminer le voyage à pied, pour mieux percevoir l’humeur du lieu et s’adapter au rythme ancien de la marche. Il est courant de tourner, pour commencer autour du lieu sacré ; c’est une façon de reconnaître sa centralité. Dans la plupart des traditions, cette marche s’effectue dans le sens de la course du soleil ou des aiguilles d’une montre…
*
Je crois que nous aurions beaucoup à gagner à voir les touristes devenir des pèlerins. Se rendre dans un lieu sacré en touriste, c’est appauvrir la charge du lieu, mais s’y rendre en pèlerin, c’est l’enrichir. La transformation du tourisme en pèlerinage jouera, dans nos existences tant personnelles que collectives, un rôle majeur dans le processus de resacralisation de la Terre.
En explorant les origines de notre culture, Rupert Sheldrake, scientifique anglais de renommée internationale, spécialiste de biochimie et de biologie cellulaire, cherche à comprendre comment l’homme en est arrivé à considérer la nature comme une entité inerte. Il montre que si la conception mécaniste a voulu tourner le dos aux superstitions ancestrales, elle est à son tour devenue dogmatique et sclérosée.
Rupert Sheldrake dans L’âme de la nature
Une pièce musicale de Samian · Florent Vollant et Samuel Tremblay – Sur le dos d’une tortue
Les paroles sur https://laboiteauxparoles.com/titre/2933/sur-le-dos-d-une-tortue
