Les enseignements extraoridnaires de Kee

Nous devons étudier cela de près ; voir que, dès que notre « moi » s’éveille, la souffrance apparaît instantanément. Voyez qu’il se passe la même chose même si vous ne faites que penser : le « moi » que vous réveillez par la pensée se diffuse dans toutes sortes de problèmes. L’esprit s’éparpille partout avec les pollutions mentales, les désirs et les attachements. Il y a très peu d’attention et de discernement pour veiller sur lui, de sorte qu’il se laisse entraîner dans toutes les directions par le désir et les pollutions mentales.

Et pourtant, nous ne voyons rien. Nous croyons que nous allons très bien. Y a-t-il une personne parmi nous qui réalise ce qui se passe ? Nous sommes trop alourdis, alourdis par notre mauvaise compréhension de la réalité. Notre esprit a beau être tourmenté par la pollution de l’ignorance, nous ne le voyons pas car cette pollution nous rend sourds et aveugles…

Il n’y a pas d’outils matériels pour détecter ou soigner cette maladie des pollutions mentales parce qu’elle n’apparaît qu’avec le contact sensoriel. Elle n’a pas de substance réelle. C’est comme une allumette dans une boîte. Tant qu’elle n’est pas frottée sur le côté de la boîte, elle ne s’enflamme pas. Mais dès qu’on la frotte, elle prend feu. Si elle s’éteint tout de suite, tout ce qui aura brûlé sera la pointe de l’allumette. Si la flamme ne s’arrête pas à la pointe, elle brûlera toute l’allumette. Si elle ne s’arrête pas à l’allumette et qu’elle entre en contact avec quelque chose d’inflammable, elle peut créer un énorme incendie.

Quand une pollution apparaît dans l’esprit, elle commence au plus léger contact. Si nous parvenons à l’arrêter tout de suite, c’est comme frotter une allumette : elle s’enflamme une seconde et puis s’éteint tout de suite. La pollution mentale peut se dissiper ici même. Mais si nous ne l’éteignons pas à l’instant même où elle apparaît et que nous la laissons échafauder des problèmes, c’est comme jeter de l’huile sur le feu.

Il faut que nous observions les maladies que causent les pollutions dans notre esprit pour en connaître les symptômes et voir pourquoi elles s’enflamment aussi vite. Elles ne supportent pas d’être échauffées. Dès l’instant où vous les échauffez, elles s’enflamment. Dans ce cas, que pouvons-nous faire pour nous y préparer ? Comment emmagasiner de l’attention avant que les contacts sensoriels ne frappent ?

Pour emmagasiner de l’attention, il faut pratiquer la méditation, comme lorsque nous sommes attentifs à la respiration. C’est ce qui prépare notre attention et nous permet d’avoir une longueur d’avance sur les pollutions mentales, d’éviter qu’elles apparaissent tant que nous avons notre sujet de méditation comme protection intérieure de l’esprit.

La protection extérieure de l’esprit, c’est le corps qui se compose d’éléments physiques mais sa protection intérieure, c’est le sujet de méditation que nous utilisons pour entraîner l’attention à être concentrée et présente. Quel que soit notre sujet de méditation, c’est lui qui est la protection intérieure de l’esprit, celle qui lui évite de vagabonder, de fabriquer des pensées et des images. C’est pourquoi nous avons besoin d’un sujet de méditation. Ne laissez pas l’esprit courir après ses préoccupations comme le font les gens qui ne méditent pas. Une fois que nous avons un sujet de méditation pour piéger cet esprit vagabond, pour qu’il soit de moins en moins obstiné, il se calmera jour après jour jusqu’à pouvoir rester stable pendant des périodes de temps plus ou moins longues selon comment nous nous entraînons et nous nous observons.

Upasika Kee (1901-1978) fut une formidable enseignante du Dharma, tout à fait unique en son genre. Terre-à-terre et directe, rafraîchissante et souvent drôle.

Upasika Kee Nanayon dans Pure et simple: Les enseignements extraoridnaires de Kee, humble pratiquante bouddhiste

Une pièce musicale de Paul Speer · David Lanz – First light