La grâce de l’imperfection

Le perfectionnisme incarne un système de croyances autodestructeur et addictif qui nourrit cette réflexion première : Si j’ai une apparence parfaite, que je vis parfaitement et que je fais tout parfaitement, je peux éviter ou du moins minimiser les sentiments douloureux de la honte, du jugement et du blâme.

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Le perfectionnisme est autodestructeur pour la simple et bonne raison que la perfection n’existe pas. La perfection est un but inatteignable. De surcroît, le perfectionnisme est plus une question de perception : on veut être perçu comme étant parfait. Encore une fois, cela est inatteignable : il n’existe aucun moyen de contrôler la perception des autres, quels que soient le temps et l’énergie que nous investissons à y parvenir.

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Le perfectionnisme est addictif pour la raison suivante : quand on fait invariablement l’expérience de la honte, du jugement ou du blâme, on croit souvent que c’est parce qu’on n’a pas été suffisamment parfait. On devient alors encore plus entêté dans l’idée fixe de la perfection dans notre vie, au lieu de remettre en question la fausse logique du perfectionnisme.

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Se sentir honteux, jugé ou blâmé (et la peur de se sentir ainsi) est une simple réalité de l’expérience humaine. Le perfectionnisme augmente les probabilités de vivre ces émotions pénibles et aboutit souvent à s’autoblâmer : C’est ma faute. Je me sens comme ça parce que « je ne suis pas à la hauteur. »

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On cultive l’amour quand on laisse voir et connaître son individualité la vulnérable et la plus forte, et quand on honore la connexion spirituelle qui germe de ce don avec confiance, respect, tendresse et affection.

L’amour n’est pas quelque chose qu’on donne ou qu’on reçoit; l’amour est une plante qu’on nourrit et qui grandit, une connexion qui peut seulement être cultivée entre deux personnes lorsqu’elle existe au plus profond de chacune : l’amour qu’on a pour les autres se mesure à l’amour qu’on a pour soi-même.

La honte, le blâme, l’irrespect, la trahison et l’absence d’affection endommagent les racines qui nourrissent l’amour. L’amour ne peut survivre à ces blessures que si elles sont reconnues, guéries, et rares.

Brené Brown dans La grâce de l’imperfection

Une pièce musicale de Eternal Eclipse – Afterlight