
L’examen de nos vies révèle une profusion de choses imparfaites, comme autant de grains de poussière sur la surface d’un miroir. Les motifs d’insatisfaction et d’absence de bonheur sont légion : nos paroles diffèrent souvent de nos actes, nos relations humaines pâtissent de nos erreurs, nos projets d’avenir soigneusement planifiés ne se passent pas comme prévu. De plus, au cours de nos existences, nous infligeons diverses blessures à nos proches, intentionnellement ou pas, ce qui suscite ensuite culpabilité et regrets. Il en va de même pour notre famille et nos amis. C’est l’enfant qui n’écoute pas son père et sa mère ; vos parents qui ne nous comprennent pas ; votre conjoint qui adopte un comportement déraisonnable. Vous vous inquiétez pour vos amis qui ont une mauvaise hygiène de vie. Et tous les matins, lorsque nous regardons les informations à la télévision, nous constatons que sur la planète, il y a toujours plus de conflits, toujours plus d’accidents, toujours plus de discorde. Comme si tout cela était sans fin.
Pourtant, en dépit de cette profusion de choses imparfaites dans notre monde, nous ne pouvons nous empêcher d’aimer nos vies. Car elles sont trop précieuses pour être gâchées par la haine de ce qui nous déplaît, de ce que nous ne comprenons pas. En gagnant en maturité spirituelle, nous développons naturellement davantage d’empathie et nous nous efforçons de voir les choses du point de vue d’autrui. Ainsi apprenons-nous à accepter les imperfections des autres et les nôtres, avec plus de grâce et de compassion, de même que la mère aime son enfant de façon inconditionnelle.
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Nous ne gagnons pas en sagesse en réfléchissant davantage.
Lorsque notre esprit se détend et s’ouvre, une nouvelle idée brillante jaillit soudain. Faites confiance à la sagesse qui habite le silence et octroyez, de temps en temps, un peu de repos à votre esprit qui travaille tant.
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Votre vie est difficile non pas parce que le passé vous retient, mais parce que vous ne cessez de penser à ce qui fut. Au lieu de rester aux prises avec votre passé, laissez-le exister, afin qu’il puisse s’écouler comme un cours d’eau.
Votre être authentique n’est pas la rivière des souvenirs.
Il est celui qui se tient sur la berge, pour observer tranquillement l’eau qui s’écoule.
Haemin Sunim (1973- ) est un moine de l’ordre Jogye, ordre issu du bouddhisme coréen. Après avoir passé son bac, il part aux États-Unis pour faire des études spécialisées en cinéma. C’est assez proche de son université qu’il va trouver un temple bouddhiste, lieu d’initiation et de découverte du bouddhisme et de sa nouvelle voie.
Haemin Sunim dans Le goût des choses imparfaites
Une pièce musicale de Kitaro – Kokoro
