
[Lors de mon apprentissage de la méditation], je ne comprenais pas trop ce qui se passait en moi. J’essayais de reposer mon esprit comme on me l’expliquait, mais mon esprit ne restait jamais tranquille. Je m’aperçus en fait, durant ces premières années d’entraînement, que je devenais encore plus distrait que par le passé. Toutes sortes de choses m’agaçaient : la sensation d’inconfort, les bruits autour de moi, les conflits avec les autres. Ce n’est que des années plus tard que je compris un point essentiel : rien n’empirait, je ne faisais que prendre davantage conscience du flux continuel de pensées et de sensations que je n’avais jamais remarqué à ce point auparavant. Après avoir rencontré d’autres personnes qui étaient, elles aussi, passées par ce stade, j’ai constaté que c’est une expérience commune à tous ceux qui apprennent à examiner leur esprit au moyen de la méditation.
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Peu à peu, je commençais à reconnaître la fragilité et le caractère éphémère des pensées et des émotions qui m’avaient perturbé pendant des années, et je comprenais comment, en me focalisant sur de petits ennuis, je les avais transformés en énormes problèmes. Du seul fait de rester assis à observer à quelle vitesse et, sous bien des aspects, avec quel illogisme, mes pensées et mes émotions allaient et venaient, je commençais à voir directement qu’elles n’étaient pas aussi solides et réelles qu’elles en avaient l’air. Puis, une fois que j’eus commencé à lâcher prise sur ma croyance à l’histoire qu’elles avaient l’air de me raconter, je perçus peu à peu « l’auteur » qui se cachait derrière : la conscience infiniment vaste, infiniment ouverte, qui est la nature même de l’esprit.
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L’attachement excessif aux expériences agréables est le seul et vrai danger de la méditation, car il est extrêmement facile de prendre ces expériences pour des signes de réalisation. Or, la plupart du temps, ce ne sont que des étapes passagères, des aperçus de la vraie nature de l’esprit, et celle-ci se voile aussi facilement que le ciel par temps nuageux.
Mingyour Rinpoché dans Bonheur de la méditation
Une pièce musicale de Hans Zimmer « Light »
