Femmes mystiques

C’est pourquoi, en bonne tacticienne, Thérèse se refuse au « duel », à la dialectique qui bataillerait dans les voies de la connaissance, mais, avec justesse et sens spirituel très sûrs, elle prend le parti de l’Amour et fait fond sur la puissance du désir d’aimer, c’est-à-dire de la volonté inlassablement en quête de vérité : « Éclaire-moi, tu le sais, je cherche la Vérité. » Stratégie audacieuse et risquée, puisqu’elle s’expose au risque de chavirer, de faire naufrage, en consentant à ces désirs immenses qui cependant, elle le sait, ne peuvent l’égarer ni la décevoir puisqu’ils viennent de Dieu qui ne peut que les réaliser. Or, loin de donner accès à l’éblouissement de la lumière, c’est sur la bouche des enfers que s’ouvre la fournaise du désir. Menace d’une destruction que claironnent, triomphantes, les voix diaboliques qui annoncent la défaillance de l’être à deux doigts de son effacement :

Tu rêves la lumière, une patrie embaumée des plus suaves parfums, tu rêves la possession éternelle de toutes ces merveilles, tu crois sortir un jour des brouillards qui t’environnent, avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera non ce que tu espères, mais une nuit encore plus profonde, la nuit du néant.

À l’esprit nous viennent les expressions de « traversée du néant », d’un romantisme un peu encombrant, ou d’« annihilation », dont la tradition spirituelle aura précisé le processus avec grand raffinement, tandis que Maurice Bellet s’avise d’une « traversée de l’en-bas ». C’est tout cela que Thérèse va affronter avec courage.

François Marxer dans Au péril de la nuit – Femmes mystiques du XXème siècle

Une pièce musicale de Loreena McKennitt – The Mystic’s Dream

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/281303-loreena-mckennitt-the-mystic-s-dream.html