Fragments d’attention

Avez-vous déjà regardé une abeille butiner dans un jardin. Elle passe d’une fleur à l’autre, concentrée à chaque plongée, puis, c’est le décollage, l’insouciance, avant de recommencer.

On fait de même aussi. On se lève chaque jour, nous consacrons notre énergie à faire ce que nous devons faire, puis nous décrochons, avant de revenir.

Nous sous-estimons le pouvoir de la fameuse attention. Elle permet d’entretenir la capacité à nous focaliser sur quelque chose de précis à l’exclusion de tout le reste. L’attention, c’est d’être simplement là, pleinement, ancré dans la réalité et demeurer conscient du reste du monde sans s’y laisser distraire.

Lorsque nous observons nos vies, d’ailleurs, les études le démontrent amplement, la plupart du temps nous n’arrivons pas à fixer notre attention longtemps. Nous sommes sensibles aux stimulations externes ainsi qu’à notre incapacité à côtoyer notre silence interne réduisant considérablement le temps que nous octroyons à chaque chose que nous faisons.

Un peu comme l’abeille, nous fragmentons notre attention, en nous vantant d’être multitâches. Dans les faits, nous avons de la difficulté à rester focalisés sur une seule et même tâche, nous nous laissons entraîner par les stimuli de notre environnement et nous prenons cela pour une compétence de savoir user d’une multiple vigilance. Rien de dramatique, tant que nous n’essayons pas de maintenir notre attention sur ce qui nous intéresse réellement.

Il faut reconnaître que butiner d’une tâche à l’autre, de fragmenter nos vies peut devenir épuisant en raison de toute cette énergie à consacrer une veille constante sans attention profonde.

Pour celui qui en fait l’expérience, l’entraînement de l’esprit permet de poser notre attention sur soi, de développer des expériences d’attention significative qui constituent des moments de ressourcement. C’est le paradigme de l’approche, entendre son silence pour cesser de suivre les Sirènes qui nous entourent.

Puis, lentement, notre attention devient plus consciente à la contemplation d’un éclat de lumière sur la pièce provenant d’une fenêtre, à la douceur d’un tissu, à la lecture d’un texte, au regard amoureux de l’être aimé, bref, à tout ce qui apporte plus de sens à la vie lorsque l’on prend le temps d’être pleinement quelque part.

C’est en préservant ces fragments attentionnels, ces instants furtifs, que nous réalisons une trame de vie plus épanouissante. Je vous souhaite une journée pleine d’attention.

Une pièce musicale Les abeilles piquantes op. 17 d’André Mathieu – Isabelle Mathieu, pianiste

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