Fruit défendu

Dans de nombreux textes historiques de l’hindouisme et du bouddhisme, il existe un niveau de sens plus profond qui s’exprime en sandhabhasa, littéralement « langage crépusculaire », parfois interprété en « langage intentionnel » ou « langage énigmatique », qui est utilisé pour obscurcir le vrai sens aux non-initiés, tout en le déclarant aux initiés. Nous assistons au même phénomène dans les écrits alchimiques qui emploient la « langue des oiseaux ».

Les textes tantriques sont souvent écrits dans le langage du crépuscule. L’Hevajra tantra le décrit comme un « langage secret, cette grande convention des yogis, que les sravakas (disciples et laïcs) et autres ne peuvent déchiffrer ».

Tout simplement, car, dans le cadre d’une tradition ésotérique d’initiation, les textes ne doivent pas être utilisés par des personnes sans guide expérimenté, et l’utilisation de la langue crépusculaire garantit que les non-initiés n’accèdent pas facilement aux connaissances contenues dans ces ouvrages.

Ce qui est, ici, tenu secret a une raison de l’être, en ce sens que, s’il était découvert, l’objet du secret serait menacé. Les pratiques secrètes en question le sont au regard des institutions, car elles permettent de s’affranchir du contrôle que celles-ci exercent. Le secret n’est valable qu’au regard d’une autorité qui en réprimerait l’usage. Pourquoi le ferait-elle ? Parce que l’usage en question contrevient à la structure même de l’autorité de contrôle, qui n’est autorité que parce qu’elle est reconnue comme telle par la majorité, et se doit donc de contrôler cette majorité pour sa propre survie.

Certains enseignements secrets sont donc logiquement devenus interdits, car émancipatoires, au point de se libérer de l’illusion de la réalité et de reconnaître que notre existence dans d’autres dimensions – à la source de la nôtre – est tout aussi, sinon plus, « réelle » que notre réalité matérielle. Les dimensions dites inférieures – métavers et autres réalités virtuelles – sont, elles, acceptées voire encouragées tant qu’elles sont contrôlées depuis notre plan de réalité, dont elles sont issues.

Les pratiques libératrices ont, de tout temps, été considérées comme dangereuses. Car, permettant d’atteindre des niveaux de conscience originels considérés comme « supérieurs » à notre réalité, elles peuvent porter atteinte à l’ordre public.

S’il existait un programme informatique qui permettrait de transcender l’illusion de la réalité, de sortir de ce que certains décrivent comme la matrice, il serait interdit par cette même matrice, dont l’existence et la légitimité dépendent justement de l’intégrité des éléments qui la composent. Ce programme existe depuis toujours. Il n’est pas informatique, car il ne procède pas d’un système informatique au sens où nous l’entendons. Il existe donc plusieurs moyens de s’extraire de l’illusion quotidienne que tout ceci – nos maisons, nos possessions, notre corps – est réel.

Ces pratiques deviennent interdites, pour éviter qu’elles ne se répandent comme un virus, et que nous sortions tous de la réalité, et qu’un autre plan de réalité fasse consensus au-delà de celui reconnu comme réel : le monde matériel.

Il existe, depuis des millénaires, des pratiques secrètes de consommation de substances associées à la méditation, qui, si elles étaient découvertes, seraient déclarées comme dangereuses par l’autorité arbitraire qui déclare illégal ce qui peut porter atteinte à sa structure, voire échapper à son contrôle et à son pouvoir.

C’est l’histoire biblique du fruit défendu.

Stephan Schillinger dans La Sagesse Interdite : Révélations sur les plantes psychédéliques à l’origine des traditions spirituelle

Une pièce musicale de The Lost Fingers – Tainted Love

Les paroles en français de https://www.lacoccinelle.net/264111-soft-cell-tainted-love.html