Le maître anarchiste, Itsuo Tsuda

J’ai entrepris ce travail afin de libérer les individus de l’engrenage social, de leur faire comprendre qu’il n’y a pas d’autre maître que soi-même, et qu’un échec vaut parfois mieux qu’une réussite. S’il se sent vivre pleinement, chacun ne manquera pas de trouver sa formule à lui.

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Il ne m’appartient pas d’imposer mes idées, en disant : ne faites de ce que je fais, mais faites ce que je vous dis. Une telle formule appartient aux grands, aux puissants, mais pas à moi. Ma formule est : « Je vis, je vais, je fais.

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L’anarchisme est donc avant tout une philosophie, une idée pratique et matérielle, une façon d’être à la vie et d’être en relation avec les autres. Il ne sera donc pas ici question d’anarchisme comme “stade final de la lutte des classes’’ mais plutôt comme un chemin, une voie de libération.

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Au dojo, chacun est chez soi et chez les autres en même temps. C’est le lieu de l’individu et du collectif.

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Personne ne fait les choses pour le dojo, chacun les fait pour lui-même. Chacun en travaillant dans son propre intérêt s’harmonise avec les autres tant que le but partagé est mis en commun afin d’avoir un outil (le dojo) fonctionnel. En ce sens, il faut une organisation collective pour fonctionner.

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Il faut bien reconnaître, sans idéaliser les anciennes cultures, qu’elles avaient une cohérence qui donnait le cadre de l’expérience humaine. Bien sûr, elles pouvaient aussi étouffer les individus, mais elles donnaient un sens. L’Occident industrialisé, ayant écrasé depuis plusieurs siècles sa propre culture traditionnelle – remède des simples (plantes), sage-femmes, veillées, rythmes des saisons, cycle de la vie d’un individu – a perdu le sens de l’expérience humaine.

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En bon anthropologue qu’il choisit de devenir, Itsuo Tsuda s’est beaucoup intéressé au fait que la structure de la langue d’un peuple structure aussi sa manière de penser.

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Pour l’anthropologue américaine Margaret Mead, « les anthropologues sont des empêcheurs de tourner en rond » qui ont largement contribué à « désincarcérer les corps ».

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Michel Leiris osa lui justifier l’esprit de ce métier pendant l’accession à l’indépendance des colonies en affirmant que « la vocation d’ethnologue pousse à défendre les peuples étudiés dont il se fait l’avocat désigné »

Itsuo Tsuda, anthropologue accompli, explique dans son introduction la nécessité d’étudier l’ensemble des relations entre les éléments de la culture et de la cosmogonie d’un peuple pour le comprendre.

Manon Soavi dans Le maître anarchiste, Itsuo Tsuda – Savoir vivre l’utopie

Une pièce musicale de Kitaro – Orochi