Sources

J’ignore pourquoi l’on parle toujours d’une humanité séparée du reste de la Créature ? Animaux, plantes et pierres, astres et airs ne font-ils pas eux aussi partie de l’humanité ? L’humanité n’est-elle pas un nœud de nerfs où se croisent des fils aux directions infiniment diverses? Est-elle imaginable sans la nature et serait-elle donc si différente des autres espèces naturelles.

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Si Dieu a pu se faire homme, il peut aussi devenir pierre, plante, animal, élément ; ne s’opère-t-il pas ainsi, dans la nature, une sorte de rédemption perpétuelle ?

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L’arbre ne peut devenir que flamme florissante ; l’homme, flamme parlante ; l’animal, flamme errante.

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Tout ce qui vit, l’animal ou l’insecte le plus repoussant, tressaute, ne fait que tressauter ; tout ce qui vit, du simple fait de vivre, mérite commisération.

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La disparition des animaux est un fait d’une gravité sans précédent. Leur bourreau a envahi le paysage ; il n’a plus de place que pour lui. L’horreur d’apercevoir un homme là où l’on pouvait contempler un cheval !

Quand un homme détruit gratuitement l’un des ouvrages de l’homme, on l’appelle un Vandale. Quand il détruit l’œuvre de Dieu, on l’appelle un sportif.

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Dans un paragraphe concernant l’assassinat du Président Kennedy, Merton rappelle que, quel que soit l’homme qui ait commis le crime, « le Président avait déjà été tué d’innombrables fois par les pensées, par les paroles, et par les écrits des racistes. Sa mort avait été préméditée, imaginée, désirée, et voulue avec une profonde sauvagerie qui la rendait inévitable. C’est évidemment ce que John F. Kennedy n’avait pas compris, sans quoi il se serait rendu à Dallas avec moins de confiance, et mieux protégé. C’est aussi ce que la majorité des Américains ne parvient pas encore à croire. Mais affirmons ceci : « Là où les âmes sont pleines de haine et où les imaginations se complaisent à des images de cruauté, de tourments, de supplices, de revanche et de mort, la violence et la mort inévitablement viendront. »

J’applique cette sombre phrase à la littérature et aux arts visuels de notre temps. Presque tout ce qui a été écrit, peint, composé ou joué depuis 1945 appelle la destruction et en jouit par avance. (Kali-Yuga)

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« Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants. » Le Château de ma mère, Marcel Pagnol

Je suis très heureux d’avoir retrouvé cette belle citation que m’avait dite, très enjoué, mon cher ami Paul Jenderko, (décédé l’année dernière) alors que je me dirigeais vers ma petite voiture 106 Peugeot verte, après avoir passé un bon moment dans la belle Ville de Badenwieller en Allemagne où Ingrid, sa femme et lui, avaient organisé une belle exposition de mon travail « Cultures-Energies » en 2013 au Kunstpalais.

Marguerite Yourcenar dans Sources tome 2

Une pièce musicale de Violin Sky – Sacred Stillness