Art de l’oisiveté

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Si on n’attend rien de lui, si on se contente simplement de l’observer en silence et avec attention, le monde peut nous offrir bien des trésors dont les gens comblés par le succès et par l’existence n’ont pas idée. Savoir observer est un art admirable, un art raffiné, utile et souvent très plaisant.

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La musique ne sollicite que notre âme, mais elle le fait de manière totale, et c’est bien là que réside son mystère. Elle ne fait appel ni à notre intelligence ni à notre culture. Détachée de toutes les sciences et de tous les langages spécifiques, elle fait uniquement apparaître l’âme humaine sous des formes aux significations multiples mais, en dernier ressort, toujours évidentes. Plus un maître est grand, plus la justesse, la profondeur de sa vision et de son expérience sont absolues. De même, plus la forme est parfaite, plus la musique agit sur notre âme de façon immédiate et délicieuse.

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J’appris qu’être aimé n’est rien et qu’aimer est tout ; je compris également de plus en plus clairement que seule notre capacité à sentir les choses, à éprouver des sentiments rendait notre existence précieuse et gaie. Quel que fût l’endroit sur terre où j’apercevais ce qu’on nomme « le bonheur », je constatais que celui-ci naissait de la richesse de nos impressions. L’argent n’était rien, le pouvoir n’était rien ; on rencontrait beaucoup de personnes qui possédaient les deux et demeuraient pauvres. La beauté n’était rien ; certains hommes et certaines femmes demeuraient pauvres, eux aussi, malgré tout leur éclat. La santé, elle non plus, n’avait pas beaucoup de poids ; la forme de chaque personne dépendait de son état psychologique ; bien des malades heureux de vivre prospéraient jusqu’à la veille de leur mort, et bien des hommes en bonne santé dépérissaient avec angoisse dans la crainte de la douleur. En revanche, quand un homme éprouvait des sentiments intenses et les acceptait en tant que tels, quand il les cultivait et en jouissait au lieu de les rejeter et de les tyranniser, il connaissait toujours le bonheur. De même, la beauté ne rendait pas heureux celui qui la possédait, mais celui qui était capable de l’aimer, de la vénérer.

Hermann Hess dans L’Art de l’oisiveté

Une pièce musicale de Armand Amar – Poem Of The Atoms

Les paroles en français sur http://paroles-traductions.com/chanson/montrer/123357/armand-amar/paroles-et-traduction-poem-of-the-atoms/