
Les films et les séries télévisées dans lesquels les gentils sont toujours gentils et les méchants toujours méchants sont dénués d’intérêt, car cela ne correspond pas à la réalité. Nul n’est simplement gentil ou méchant.
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Pour la plupart d’entre nous, l’esprit et le monde sont deux concepts indépendants. Si quelqu’un nous demande où est notre esprit, nous répondons généralement « dans notre tête » ou « dans notre cœur », mais rarement dans un arbre ou dans le ciel. Pour la plupart d’entre nous, il existe une véritable frontière entre ce qui demeure à l’intérieur de notre esprit et ce qui se déroule dans le monde extérieur. Comparé au vaste monde, l’esprit niché dans le corps peut paraître petit, vulnérable, voire parfois impuissant. Or, si l’on se réfère aux enseignements de Bouddha, la frontière entre l’esprit et le monde est, en vérité, mince, perméable et au demeurant illusoire. Je ne suis pas en train de vous dire que le monde est objectivement joyeux ou triste et fait naître en nous un sentiment de joie ou de tristesse, mais plutôt que ces sentiments émanent de l’esprit et sont une projection subjective sur le monde. Le monde n’est, par essence, ni joyeux ni triste. Le monde est, un point c’est tout.
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Nous ne pouvons ni ne voulons connaître toutes ces petites choses qui se passent dans le monde sous peine de crouler sous une masse d’informations et devenir fous. Si, comme mon amie, nous regardons le monde à travers le prisme de notre esprit, nous ne remarquons que ce que nous cherchons, car c’est sur quoi notre esprit se focalise. Dans la mesure où le monde que nous voyons à travers l’œil de notre esprit est limité, si nous pouvions entraîner notre esprit et choisir judicieusement ce sur quoi nous focaliser, nous serions capables d’avoir du monde une perception conforme à notre état d’esprit.
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Nous ne connaissons du monde que ce que nous en percevons à travers la fenêtre de notre esprit. Lorsque notre esprit est bruyant, le monde est bruyant. Lorsque notre esprit est tranquille, le monde est tranquille. Il est aussi important de connaître notre esprit que d’essayer de changer le monde.
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Dans le métro, je suis serré contre les autres voyageurs. Autour de moi, il y a foule. Ne pas pouvoir me tenir à la barre peut soit m’énerver, soit m’amuser. Face à une même situation, chacun réagit différemment. Et si l’on se penche sur la question, on s’aperçoit que ce n’est pas la situation en elle-même qui nous préoccupe, mais la manière dont nous la percevons.
Haemin Sunim (1973- ) est un moine de l’ordre Jogye, ordre issu du bouddhisme coréen. Après avoir passé son bac, il part aux États-Unis pour faire des études spécialisées en cinéma. C’est assez proche de son université qu’il va trouver un temple bouddhiste, lieu d’initiation et de découverte du bouddhisme et de sa nouvelle voie.
Haemin Sunim dans Prenez le temps de vivre
Une pièce musicale Minyo
