Il est possible de lire un grand nombre de livres sur la Nature et avoir l’impression de tout connaitre d’elle. En fait, la Nature se marche, elle attire notre attention sur la réalité même et non sur nos représentations intellectuelles et émotionnelles à cette réalité qui est en perpétuel changement et devenir. Ce qui se déroule devant nos yeux est cette notion indéfinissable que l’on nomme vie. Son cours ne s’interrompt pas un seul instant, bien sûr il prend une autre forme durant notre sommeil, mais elle est toujours là. Essayer de la définir avec nos concepts et nos idées, c’est un peu comme tenter de recueillir quelques éprouvettes du sol, des plantes, de l’eau qui s’écoule et décréter que nous tenons tout ce que nous avons besoin de savoir entre les mains.

Ainsi, quiconque tente de définir la Nature rencontrera des difficultés inhabituelles, car il ne peut jamais expliquer, il ne peut qu’indiquer. L’attitude qu’adopte le passeur qui marche la Nature, n’est pas d’affirmer, mais bien d’illustrer, de faire des liens entre les différentes parties et de proposer des suggestions pouvant amener celui qui écoute aussi près que possible de la source. Il a compris que tentent de fixer des concepts à ce qu’il a sous les yeux, les particules de la Nature prennent toute la place et la Nature elle-même s’évanouit.

Vivre dans le monde parcellaire c’est vivre dans notre réalité qui supporte toutes les approches se terminant en « ilogie » ou un « isme ».

La Nature n’a pas besoin de se révéler par des mots spécifiques, elle s’exprime par cette application constante de l’esprit à être là, dans les différentes occupations, qu’il s’agisse de faire quelque chose ou de regarder, afin que subsiste en nous que des images, des impressions, des sensations, guidant les inclinations du cœur.

Une pièce musicale de Toshio Hosokawa: Fragmente II (1989)

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