
Ne croyez pas que la neige efface toutes les couleurs : elle fait éclater violemment l’azur, électrifie les branches et les plumes des corbeaux, mais surtout apporte avec elle une incertaine palette de roses et de bleus très clairs qui sont les teintes de ses reflets et de ses ombres, sa timide floraison d’hiver, ses lys et ses pivoines, le soin très délicat qu’elle prend des bouquets de lumière. Tout baigné de lueurs d’église, c’est alors que le paysage tient blotties l’une contre l’autre en sa froideur l’idée de la fin et l’idée du commencement. Quiconque marche à la nuit tombante sur un chemin de campagne entre de grands arbres noirs et nus poudrés de neige sait ce qu’il reste de croyance possible au cœur humain. Il n’a besoin ni de prêtre ni de chapelle ; il marche, et chacun de ses pas répète qu’il n’a rien à ajouter.
*
Il faut apprendre à faire au mieux
Avec ce rien que l’on est
Pour quelque temps encore.
*
Rue des rêveurs, des déserteurs
Rue des anciens sommeils et des rideaux tirés
Rue où ne pleure jamais la pluie
Rue où le ciel affleure
Rue des oiseaux jaseurs
Rue des justes rumeurs
Rue des enfants qui chantent
Rue où l’on n’entend pas crier
Rue des paroles données et des promesses tenues
Rue des gestes paisibles et des petits bonheurs
Rue où se disent les mots d’amour.
Jean-Michel Maulpoix dans Rue des fleurs – Pas sur la neige
Une pièce musicale de Sophie Hutchings – Flowers In Snow
