
Si vous dites: « Je commencerai aujourd’hui à contrôler mes pensées, à m’asseoir tranquillement dans une posture méditative, à respirer avec régularité », c’est que vous êtes pris par les artifices avec lesquels on se trompe soi-même. La méditation n’est pas le fait d’être absorbé dans une idée ou une image grandiose : cela ne calmerait qu’un moment, à la façon dont un enfant est calme pendant le temps où un jouet l’absorbe. Mais dès que le jouet cesse d’être intéressant, l’agitation et les sottises recommencent. La méditation n’est pas la poursuite d’une voie invisible conduisant à quelque félicité imaginaire. L’esprit méditatif voit, observe, écoute sans le mot, sans commentaires, sans opinion, attentif au mouvement de la vie dans tous ses rapports, tout au long de la journée. Et la nuit, lorsque l’organisme est au repos, l’esprit méditatif n’a pas de rêves, car il a été éveillé tout le jour. Ce n’est que l’indolent qui a des rêves, ce ne sont que les personnes partiellement endormies qui ont besoin d’émissions émanant de leurs propres états de conscience. Mais lorsqu’un esprit vigilant écoute le mouvement extérieur et intérieur de la vie, un silence lui vient, que n’élabore pas la pensée.
*
Lorsque l’homme est libre, sans motif de peur, d’envie ou de douleur, alors, et rien qu’alors, l’esprit devient naturellement paisible et tranquille. Alors, non seulement peut-il voir la vérité dans la vie quotidienne, d’instant en instant, mais il peut aussi aller au-delà de toute perception, là où l’observateur et l’observé prennent fin et où la dualité cesse.
*
La méditation n’est pas séparée de la vie ; elle en est l’essence véritable, elle est l’essence même de la vie quotidienne. Écouter ces cloches, entendre le rire de ce paysan qui passe avec sa femme, ou la clochette sur le vélo de cette petite fille sur le chemin: c’est toute la vie, et non seulement un de ses fragments, qu’ouvre la méditation.
Jiddu Krishnamurti (1895-1986) : Il fut un libre penseur, qui s’est promené dans le monde. Il est considéré comme l’un des grands penseurs et maîtres spirituels. Il ne proposait aucune philosophie ou religion. Il expliquait avec minutie les subtils mécanismes de l’esprit humain, et il insistait sur la nécessité d’introduire une qualité profondément méditative et spirituelle dans notre vie de tous les jours. Il n’appartenait à aucune organisation, aucune secte, à aucun pays, ne s’inscrivait dans aucun courant de pensée, politique ou idéologique. Il affirmait tout au contraire que ce sont là les véritables facteurs qui divisent des hommes et entraînent les conflits et les guerres. Citation : Ce que je vous demande, c’est d’ouvrir votre esprit, non de croire.
Jiddu Krishnamurti dans La Révolution du silence
Une pièce musicale de Riley Lee – Safe Delivery (San An)
