Révolution intérieure

« Pour préserver la liberté, sacrifier la paix ; pour sauvegarder la paix, aliéner la liberté », telle est l’alternative dans laquelle la pensée de la guerre prend aujourd’hui racine.

De ces deux conceptions opposées, la première prétend à la liberté à tout prix, fût-ce au risque de la guerre et la seconde prône la paix par-dessus tout, quitte à perdre la liberté.

Nous devons harmoniser ces contraires en remontant à leur source. Ceci est le propre de l’attitude zen, voie du milieu : embrasser les contradictions, en faire la synthèse, en réaliser l’équilibre.

Pour beaucoup, le zen n’est qu’une religion de l’Asie, parmi d’autres. En fait, s’il a grandi au sein de la plus ancienne tradition du bouddhisme, le zen est comme l’eau vive, sans cesse renouvelée, qui jaillit toujours fraîche. Il est toujours actuel, toujours vivant, il se recrée à chaque instant.

Le zen peut apporter lumière et force à l’humanité. Il doit devenir au siècle prochain l’idée-force capable de l’aider à évoluer et de lui apporter la paix.

Le monde actuel est secoué de révolutions. Ces révolutions sont orientées vers l’extérieur. Elles poursuivent le but matérialiste d’acquérir plus de bien-être, de confort, de possessions de toutes sortes. Elles rassurent l’ego et le renforcent.

La véritable révolution est orientée vers l’intérieur. C’est celle de nos esprits. Elle est engendrée par la pratique du zen. Les fruits en sont la paix et la liberté.

Le zen est une profonde philosophie dont nous ne pouvons atteindre l’essence par la pensée. Mais, par-delà celle-ci, la suprême sagesse peut être découverte par la pratique de cette philosophie, qui devient alors une force motrice puissante, un art de vivre, une manière d’être.

Le zen fut cela durant de longs siècles pour les peuples d’Asie et notamment les Japonais. À présent il s’adresse à tous, et nombreux sont ceux déjà qui lui portent intérêt et considération.

Le zen peut et doit devenir une grande force promotrice de paix. La paix véritable, dans son sens réel, positif, doit avoir pour objet de créer les bases les plus larges pour l’établissement d’une civilisation qui convienne à l’humanité entière.

Yasuo Deshimaru, en religion Mōkudo Taisen, plus connu comme Taisen Deshimaru (1914-1982), était un maître bouddhiste zen japonais de l’école Sōtō. Il est le fondateur et le principal inspirateur d’une multitude de dojos et de groupes zen en Occident et plus particulièrement en Europe. Il a fondé plus de 100 dojos en Europe, en Afrique du Nord et au Canada, ainsi que le temple de la Gendronnière (Association Zen Internationale ou AZI) dans la vallée de la Loire, qui devient le premier et le plus grand temple zen de toute l’Europe

Taisen Deshimaru dans Vrai Zen – Source vive & Révolution intérieure

Une pièce musicale de Kitaro – Koi