Par une cantate

Alors, par exemple, quand je rentre ici, et que je suis seul, Je mets une cantate. Je ne l’écoute pas, je la goûte ! Je la savoure ! Je pénètre dans la cantate. Je pénètre dans la partie de la cantate qui correspond à mes octaves intérieures. Je n’écoute pas ce qui ne me correspond pas. Je sais séparer ce qui plaît au côté esthétique de ma créature de ce qui est fondamental pour mon être. Dans une cantate, j’écoute tel moment et pas toute la cantate. Je n’écoute plus quantitativement mais qualitativement. J’écoute ce que les maîtres soufis appellent les abjads, c’est à dire des moments précis qui correspondent à votre octave. »

« C’est cela qui est important: rencontrer dans la musique les moments qui vous correspondent, qui correspondent à votre réalité, aux parties fondamentales de vous-même, essentielles de vous-même. Pas tout le concert, pas toute la fugue ou tout le prélude. Simplement ces dix, trente, cent, deux cents notes qui vous touchent. Protégez ces moments. Ce sont vos colorations, vos sentis, non pas ceux de Pierre ou de Jean, ce sont les vôtres. A ce moment-là, l’histoire de la musique- savoir si c ‘est un musicien baroque ou romantique – ne vous concerne plus. Ce genre de question n’a plus aucune importance. Dans un prélude ou un nocturne de Chopin, là, à un moment précis, précieux, cet instant où vous le goûtez, Chopin et vous faites « un ». « Un »! A un moment donné, chez Bach, cet instant où lui et vous faites « un ». Pareil dans un moment de peinture. Lorsque Léonardo et vous faites « un ». Avec Monet ou Renoir, ces mille détails dans lesquels vous faites « un ». « Un » et plus deux.

Robert Eymeri dans La Voie du sentir : Transcription de l’enseignement oral de Luis Ansa

Une pièce musicale de Barbara avec Ivry Gitlis – Une petite cantate

Les paroles sur https://greatsong.net/PAROLES-BARBARA,UNE-PETITE-CANTATE,103116175.html