La laveuse de mort

…quand on décrète que vous ne serez jamais vraiment un être humain parce que vous n’êtes pas né garçon- alors trois choix s’offrent à vous dans la vie :

Vous pouvez tenter de tenir le coup, de vous taire, de subir la violence et l’oppression en silence derrière votre voile.

Vous pouvez mourir de votre propre main ou de celle d’un homme.

Ou alors, vous pouvez essayer de briser les chaînes, au risque de tout perdre. Même la vie.

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Pour moi, la vie consiste à garder la foi en son humanité, afin que le mal ne puisse nous dévorer. Pourtant, mes mots donnent la parole au mal, mais si je le fais, c’est simplement dans le but d’être entendue. Mes mots, c’est tout ce qu’il me reste. Sans eux, je ne serais rien.

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Elles étaient toutes seules. Dans la vie comme dans la mort. La solitude les rassemblait et les séparait. La solitude était le prix à payer.

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Ce sont justement des mots qui sont la cause de tout ça. Des mots mal interprétés. Voilà ce qui arrive quand on néglige le savoir et l’éducation, dit Darwèsh, sur un ton irrité.

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Dans un autre monde, on pourrait peut-être toutes sortir dans la rue avec les cheveux détachés et le ventre à l’air, mais pas ici. Non, plus une fille est couverte, plus elle a de chances de survivre.

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Mon grand – père pensait qu’en tant qu’être humain, chacun de nous était responsable de ses actes, et qu’on ne pouvait se réfugier derrière quelque texte religieux que ce soit quand on accomplissait quelque chose de bien ou de mal.

Il y eut un moment de silence.

C’est ça qui est beau, dans la croyance de mon grand – père, poursuivit Frmesk. La lumière est toujours là, mais il appartient à chacun d’en faire le meilleur usage possible.

Née dans une province du Kurdistan, en Irak, en 1986, Sara Omar s’est réfugiée au Danemark à la fin des années 1990.

Sara Omar dans La laveuse de mort

Une pièce musicale de Solo Oud performing: ‘Sheydayi & Dashtestani’