
L’amour de soi, de façon totalement injustifiée, a très mauvaise presse. Nous avons tous entendu des jugements affirmant que s’aimer est narcissique, égoïste, complaisant, l’illusion suprême d’un ego incontrôlé qui cherche à devenir « numéro un ».
La réalité est tout le contraire. En cas de dépressurisation dans un avion, personne ne songerait à qualifier d’égoïste un père qui enfile son propre masque à oxygène avant d’aider son enfant à mettre le sien. D’une façon plus générale, s’aimer sincèrement revient à être en harmonie avec la vie même, donc avec tous les autres.
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En cultivant la tendresse et la compassion pour l’ensemble de notre vie – nos succès, mais aussi toutes nos expériences difficiles et douloureuses –, nous devenons naturellement plus bienveillants et responsables vis-à-vis des autres. Notre cœur s’adoucit et nous comprenons que chacun se débat à sa manière avec cette vie humaine parsemée de merveilles et de chagrins que Zorba le Grec qualifiait de « totale catastrophe ».
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Dans l’ensemble, notre vécu est un riche mélange de positif et de négatif. Cependant, les biologistes évolutionnistes ont découvert que nous étions victimes d’un « biais de négativité » qui nous rend particulièrement sensibles au danger et aux menaces afin de ne pas nous faire dévorer par un tigre (c’est du moins ce que nous dit notre système nerveux). Pour assurer notre survie, le cerveau mémorise plus intensément les événements négatifs que les positifs (mieux vaut se rappeler l’endroit où se cache le tigre). C’est pourquoi il est parfois si difficile de faire remonter des souvenirs et des sentiments de joie et de bien-être quand on se sent perdu ou découragé.
Bien que cette réaction par défaut soit essentielle face à un vrai danger, elle peut aussi entraîner une grande souffrance quand aucun péril ne nous menace. Heureusement, grâce à la méditation, il est possible de remodeler notre système nerveux pour qu’il s’écarte de cet automatisme d’attaque ou de fuite : on apprend à reconnaître ses pensées et ses sentiments pour ce qu’ils sont sans les laisser nous submerger.
Sharon Salzberg dans Comment s’ouvrir à l’amour véritable – Apprendre à aimer, apprendre à s’aimer
Une pièce musicale de Michel Pépé – Lumière du Cœur – Elixir d’Amour
