Pratique méditative

Bien sûr, la percée initiale est très importante. Mon maître l’expliquait par cette image:  » C’est comme si vous empruntiez un chemin sinueux pour gravir une montagne, dans le but d’arriver. au village. Vous n’êtes pas sûr que ce chemin mène vraiment au village. Vous n’êtes même pas sûr de l’existence de ce village. Mais vous avez entendu dire qu’il est là-haut. Alors, vous avez confiance dans le fait que vous finirez par y arriver si vous persistez. Il y a quelques panneaux indicateurs. Puis un jour, vous prenez un virage, et là, au loin, vous apercevez le village. C’est une découverte capitale sur votre chemin. Vous savez maintenant qu’il existe. Vous savez à présent que le chemin y mène. Peut-être, comme le chemin est sinueux, y aura-t-il des moments où vous ne verrez plus le village. Mais chaque fois que vous le voyez, il est un peu plus près. Cela dit vous n’êtes pas encore arrivé au village. Vous l’avez juste aperçu. Mais un jour, à condition que vous persistiez, vous y parviendrez et vous serez capable d’y vivre. Alors, vous serez un bouddha.

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Un maître zen qui vivait à Londres, il y a des années, l’illustrait par un autre exemple. Il disait que l’esprit était comme un grand miroir. Ce miroir était couvert de poussière. Si vous prenez une épingle et faites un trou d’épingle dans la couche de poussière, vous découvrez l’éclat du miroir. Le miroir est encore presque complètement recouvert de poussière, mais ce petit éclat est la nature réelle du miroir. Bien sûr vous n’avez pas encore complètement découvert sa nature, mais vous avez fait un grand pas en avant. Vous voyez à présent que sous toute cette poussière, il y a le reflet de la lumière. Votre tâche est à présent d’étendre ce reflet ou de faire plein de petits trous de lumière jusqu’à ce qu’ils soient tous reliés les uns aux autres et que le miroir soit complètement découvert. C’est pourquoi on dit que la réalisation première de la nature de l’esprit est la première percée. C’est un point très important dans toutes les écoles du bouddhisme. À partir de ce moment-là, vous n’êtes plus une personne ordinaire. Vous devenez ce qu’on appelle un arya dans le jargon bouddhiste, un être noble. Cela ne veut pas dire que vous avez atteint le but. Cela ne veut pas dire que vous soyez un bodhisattva de haut niveau. Vous pouvez retomber de cet état. Malgré tout, cela reste une percée majeure. Vous pouvez à présent distinguer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. Vous ne fondez plus vos pratiques uniquement sur la foi. C’est une expérience directe de la non-dualité. Or tout cela est très facile. Ce n’est pas difficile et nous n’avons pas besoin de pratiquer pendant des années et des années pour pouvoir l’atteindre

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Un esprit concentré peut être comparé à un large faisceau de lumière que l’on focalise jusqu’à ce qu’il devienne comme un rayon laser. Ce rayon laser, quand il se tourne enfin vers l’intérieur, peut briser de nombreuses couches de notre esprit. Si la lumière est diffuse, elle ne peut qu’éclairer la surface mais ne pourra pas pénétrer en profondeur. Nous essayons vraiment de développer des qualités qui sont déjà présentes en nous et qui sont innées. Nous avons tous la capacité de nous concentrer.

Jetsunma Tenzin Palmo dans La vie quotidienne comme pratique méditative

Une pièce musicale de Eric Aron – Jati (Himalaya)