Des justes et innocents

Pourquoi faut-il que les justes et les innocents subissent des souffrances imméritées ?

Pour quiconque conçoit les individus humains comme « étant détachés et séparés », cette question n’est susceptible d’aucune réponse acceptable. Mais, en fait, les individus humains ne sont pas détachés et séparés…

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…nous sommes tous organiquement rattachés à Dieu, à la Nature et à nos semblables. Si chaque être était dans un rapport convenable avec son milieu divin, naturel et social, il n’y aurait que les souffrances que la Création rend inévitables.

Mais, en fait, la plupart des êtres humains sont chroniquement dans un rapport défectueux avec Dieu, la Nature et quelques-uns au moins de leurs semblables.

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Dans ces conditions, il serait extraordinaire que les innocents et les justes ne souffrissent pas — de même qu’il serait extraordinaire que les reins innocents et le cœur probe n’eussent pas à souffrir des péchés d’un palais sensuel et d’un estomac surchargé.

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Le juste ne peut échapper à la douleur qu’en l’acceptant et en la transcendant ; et cela il ne peut l’accomplir que par l’absence totale du moi et la concentration totale sur Dieu…

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…en devenant « parfait comme notre père, qui est aux cieux, est parfait. »

Les difficultés dont est parsemée la voie d’une telle transfiguration sont, évidemment, immenses. Mais, parmi ceux qui « parlent avec autorité », qui a jamais dit que le chemin de la délivrance fût facile, ou que la porte fut autrement qu’« étroite et resserrée »?

Aldous Leonard Huxley (1894-1963) est un écrivain, romancier et philosophe britannique.

Aldous Huxley dans La philosophie éternelle

Une pièce musicale de Lévon Minassian – Hovern’ engan