Veilleur

nuit

Transformer les évènements en occasion d’aimer, c’est reproduire au quotidien le miracle de Cana. C’est changer l’eau de la vie ordinaire en vin de vie éternelle. Il vaut la peine de s’exercer sur des petites choses. Un embouteillage, en soi, ça n’a pas de goût. C’est nous qui choisissons, presque par réflexe, d’en faire un sujet d’agacement, voire d’énervement. Mais c’est vrai pour tout le reste : les enfants qui crient au lieu de jouer sagement, le petit frère qui s’embête et qui alors décidé de venir m’embêter à mon tour, le bus qui prend son temps alors qu’il fait si froid à l’arrêt, l’ami qui annule à la dernière minute ce dîner que j’attendais avec impatience, tout çela aura le goût que nous lui donnerons : toutes ces situations nous donnent des gens à aimer davantage ; toutes nous procurent des occasions d’aimer, et donc d’être heureux. Il suffit de chercher un instant, et c’est un exercice auquel on devient meilleur si on en prend un peu l’habitude.

*

Affirmer que l’avenir, par nature, apportera des solutions est une profession de foi charmante, mais parfaitement gratuite. Si nous regardons dans notre passé tous les demains qui se sont succédés jusque-là, force est de constater que rien n’est moins sûr. Nous avons connu des demains merveilleux, mais aussi des demains catastrophiques. Tout bien considéré, du reste, l’histoire de l’humanité a compté bien plus de gueules de bois monumentales que de lendemains qui chantent. Combien d’espoirs brutalement douchés, combien de doux rêves qui ont fini en cauchemars ! Il serait plus rationnel d’être pessimiste. Au moins, avec le pessimisme, on n’est jamais déçu. On ne peut avoir que de bonnes surprises

Adrien Candiard dans Veilleur, où en est la nuit ?

Une pièce musicale de Vangelis interprétée par Cello-Orchester Baden-Württemberg – Conquest of Paradise