Arrestations de moines par la police chinoise au Tibet

La remise de la médaille d’or du Congrès américain au dalaï-lama, le 17 octobre, a donné lieu à des tentatives de célébrations de l’événement par des moines tibétains, rapidement étouffées par la police chinoise. C’est ce qu’affirment des sources anonymes, émanant des milieux tibétains en exil en Inde, selon une dépêche de l’Agence France-Presse, datée, lundi 21 octobre, de Dharamsala, « capitale » du « gouvernement » installé par le chef de l’Eglise tibétaine après sa fuite de Lhassa, en 1959.

 

Selon ces informations, à Lhassa (chef-lieu du Tibet), des moines du monastère de Drepung, connu dans le passé pour son esprit frondeur à l’égard du pouvoir chinois, ainsi que celui de Nechung, auraient tenté d’organiser des cérémonies. Le dalaï-lama avait rencontré, la veille, le président américain, George Bush, provoquant la colère de Pékin.

 

Les forces de sécurité chinoises, qui occupent le Tibet depuis le début des années 1950, auraient arrêté « des dizaines » de moines et d’activistes tibétains. D’autres religieux ont été empêchés de sortir des monastères. Des bagarres entre Tibétains et policiers chinois auraient éclaté.

 

« CAMPAGNE D’ÉDUCATION »

 

L’appareil sécuritaire chinois a réussi, depuis une dizaine d’années, à museler les dernières voix, surtout celle des moines, qui s’opposaient encore publiquement à la lente colonisation de la région autonome par des Chinois d’ethnie han, venus du reste de la Chine. Des incidents continuent cependant d’éclater. Selon Robbie Barnett, directeur des études tibétaines contemporaines à l’université de Columbia, « la politique chinoise se durcit au Tibet tandis que le nombre de manifestations (antichinoises) augmente à nouveau ».

 

Cet été, lors d’un festival de nomades à Lithang, une région ethniquement tibétaine située dans la province du Sichuan, un homme est monté sur une estrade en proclamant son admiration pour le dalaï-lama. Il a été incarcéré.

 

En septembre, révèle le Centre tibétain pour les droits de l’homme et la démocratie, les autorités ont lancé dans cette même ville une vaste « campagne d’éducation patriotique » destinée à rappeler la dureté des conditions de vie des serfs avant la soumission du Tibet à la Chine maoïste.

 

Selon Radio Free Asia, Pékin s’inquiète de « la persistance, au sein du parti, de dissidents (tibétains) qui continuent à révérer le dalaï-lama ». Cette note confidentielle de la commission de discipline du PC chinois accuse ces voix discordantes d’être « les suceurs de mamelles du Parti communiste ».

 

Bruno Philip

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