La météorite d’Égypte…

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Je suis enfin arrivé à Alexandrie.  Un périple assez simple somme toute.  Départ de Québec pour un vol domestique de 50 minutes jusqu’à Montréal, attente d’environ une heure, puis, c’est le grand vol de 7 heures 30 au-dessus de l’Atlantique jusqu’à Munich. L’Allemagne toujours aussi accueillante et propre.  Une attente de près de 3 heures. Enfin, avec une heure de retard, le départ pour Le Caire pour un vol de 3 heures 45.

Le nouvel aéroport est plus confortable et l’arrivée se passe nettement mieux.  L’achat du visa sur place ne se fait plus dans une ambiance de cirque ou les coudes doivent faire tous les trucs de magie pour pouvoir avancer. Je suis pris en charge comme prévu par le colonel Sami, et j’oserai dire que je suis presque expulsé des douanes en un temps record. Je suis pendant u  petit bout de temps un des seuls à attendre devant le carrousel de réception des bagages. Dans mon esprit, je vais être à Alexandrie dans près de 3 heures 30, le temps que cela prend pour couvrir la distance en voiture.

Toutefois, ce ne fut pas le cas. J’ai été pris en charge à la sortie de l’aéroport par mon escorte en limousine et nous sommes parties. Le trajet s’est fait 2 heures 20. Imaginez, vous êtes sur des autoroutes parfois à 3 voies, parfois 4 voies et même cinq voies, et la vitesse oscille entre 120 et 170 km. Nous sommes entre Le Caire et Alexandrie, alors, pour qui connaît le trajet, cela implique de parcourir ces autoroutes en zigzagant entre les voitures et camions qui assez souvent roulent entre les lignes, certaines voitures vont en sens inverse lumière parfois fermée le long de l’accotement (c’est pour revenir sur les pas et sauver du temps), des jeunes traversent ces voies en courant à travers les voitures et camions, des chargements de camions sont originaux et certains défis la loi de la grave, oups, gravité, des motocyclettes roulent en ligne droite et au centre entre deux lignes ce qui détonne un peu dans ce décor, des voitures klaxonnent pour informer qu’ils vont passer sans tenir compte de vous, d’autre klaxonnent pour informer qu’ils auraient aimé que nous tenions compte d’eux, certains allument et éteignent leur lumière rapidement pour annoncer qu’ils existent tandis que d’autres (les voitures plus vieilles n’on pas de phares.  Imaginez la voiture qui file à toute allure et qui dépasse tout le monde dans ce grand cirque ordinaire. Au début, j’ai été surpris, puis étonné, puis je dois l’avoué j’ai eu peur.

Parfois, un brouillard de smog ou de fumée recouvre une partie de l’autoroute et nous fonçons dans la nuit.  Des choses se passent dans notre tête, si un animal traverse la rue, puis nos mécanismes de défense prennent le pas, à l’évidence aucun animal n’est assez bête pour tenter de traverser un tel cirque. Le chauffeur tout sourire me dit que nous sommes chanceux, c’est calme ce soir. Je dois être en sécurité, je suis avec mon escorte qui est là pour m’éviter tous les dangers.

Alors, je reprends le contrôle de ma vie, je reviens à ma respiration, l’entraînement de l’esprit s’actualise et j’habite mon corps. Puis, lentement, la peur perd du terrain, tout devient plus calme en moi, des images de personnes aimées traversent mon esprit, puis une image du dieu indien Shiva me vient à l’esprit et je comprends mieux l’effet de sa danse cosmique qui le caractérise ou la destruction et la création de l’univers se joue, cette fameuse danse qui symbolise le renouvellement périodique de la vie. Shiva se promène ici ce soir et j’imagine un peu tous les soirs, quoiqu’aujourd’hui, il semble, selon le chauffeur au ralenti.

C’est une sorte d’éveil que je vis, il n’y a pas juste une peur, juste des risques, mais il y a aussi les mouvements de tous ces changements qui s’opèrent sur l’autoroute et donnent une autre vision des choses.  De peur de devenir trop sage et de vouloir atteindre le satori en devenant pilote de course (probablement une autre forme de réincarnation de Shiva), j’allume mon Ipod, je mets les écouteurs et je lance la chanson de Robert Charlebois, Le mur du son. Les lumières alors s’éteignent, je franchis l’univers et je me retrouve dans mon lit à l’Hôtel Métropole à Alexandrie.

Je sais maintenant que je suis en avance sur mon retard. Je suis arrivé en Égypte, berceau et terre des dieux qui ont créé ce monde.

Robert Charlebois – Le mur du son

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