Le fantome de la peur

Je me suis réveillé l’autre nuit, et je suis allé marcher un peu, afin d’apprécier le calme et les étoiles.

Quelle ne fut pas ma surprise d’être interpellé par une entité, un fantôme! Il errait comme cela et s’est approché de moi. J’étais calme et je l’ai accueilli. Ce fantôme semblait surpris par mon attitude, comme si j’aurais dû avoir peur.

Je lui ai simplement dit bonne nuit, prenant lentement conscience que je ne rêvais pas.

Le fantôme m’a dit qu’il était venu pour me révéler des choses me concernant.

Je me souviens que cela m’a grandement surpris, car pour moi, la vie est une suite de révélations. Mais bon. Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu qu’il ne cherchait qu’à m’aider.

C’est alors que j’ai eu un grand fou rire. Cela est sorti de bon cœur, car à mes yeux, c’est lui en sa qualité de fantôme qui avait le plus besoin d’aide. Lui qui était toujours en transition entre deux mondes, errant avant de terminer son passage. Après l’accalmie, je me suis excusé et je lui ai partagé ma perception. Il n’a pas semblé surpris outre mesure, mais il m’a écouté attentivement.

J’ai essayé de lui expliquer le plus simplement que je pouvais que pour moi la mort n’avait pas la représentation d’un arrêt définitif, mais plutôt celle d’un passage ou d’une transformation. Puis, je me souviens lui avoir demandé ce dont il le retenait ici.

Devant le silence, je me suis mis à lui parler d’anxiété. Je lui ai parlé de ces fois où nous sommes en attente avant l’événement et que nous sommes figés. J’ai pris quelques exemples ou nous vivons de l’anxiété, soit avant la visite chez le dentiste, la première rencontre amoureuse, le premier travail, la préparation d’un examen. Dans cet état, nous redoutons une situation hors de notre contrôle, voire un danger, avant qu’il ne survienne. Nous sommes alors déphasés et il peut même survenir des crises d’angoisse. Il m’a regardé avec compréhension.

La peur devient souffrance lorsque nous sommes limités par nos propres possibilités et impuissants face à une situation. La peur d’avoir peur est une émotion puissante qui peut nous empêcher d’avancer.

Il n’y a pas de remède miracle pour se calmer, retrouver son souffle, recentrer son énergie sur ce que nous contrôlons. Il y a des petits trucs personnels que nous avons développé pour nous redonner notre capacité d’agir. Certains vont lire, d’autres, marcher, bref, détourner notre attention des pensées obsédantes pour, par la suite, voir les choses avec plus de sérénité. Les personnes ayant un talent artistique vont se mettre à créer pour sublimer leurs peurs. L’art permet d’extraire le positif de notre imaginaire.

Il m’a regardé sans dire un mot, comme si mes paroles avaient touché son âme en partance et qu’il envisageait le voyage. Il se mit à fredonner un air doux et aérien. Le chant d’un elfe serait surement comparable. Puis, il s’est éloigné tout doucement puis il a disparu comme par enchantement.

À mon réveil, je ne savais toujours pas à quel fantôme j’avais bien pu parler.

Une chanson de Jean-Jacques Goldman – Peur de rien Blues

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