Siddhartha

Bouddha vert

A chaque pas qu’il faisait sur la route, Siddharta apprenait quelque chose de nouveau, car le monde pour lui était transformé et son coeur transporté d’enchantement.

Il vit le soleil se lever au-dessus des montagnes boisées et se coucher derrière les lointains palmiers de la rive; il vit, la nuit, les étoiles, leur belle ordonnance dans le ciel et le croissant de la lune, tel un bateau flottant dans l’azur.

Il vit des arbres, des astres, des animaux, des nuages, des arcs-en-ciel, des rochers, des plantes, des fleurs, des ruisseaux et des rivières, les scintillements de la rosée le matin sur les buissons, de hautes montagnes d’un bleu pâle, au fond de l’horizon, des oiseaux qui chantaient, des abeilles, des rizières argentées qui ondulaient sous le souffle du vent.

Toutes ces choses et mille autres encore, aux couleurs les plus diverses, elles avaient toujours existé, les rivières avaient toujours fait entendre leur bruissement et les abeilles leur bourdonnement ; mais tout cela, Siddharta ne l’avait vu autrefois qu’à travers un voile menteur et éphémère qu’il considérait avec défiance et que sa raison devait écarter et détruire, puisque la réalité n’était point là, mais au-delà des choses visibles.

Maintenant ses yeux désabusés s’arrêtaient en deçà de ces choses, ils les voyaient telles qu’elles étaient…sans s’inquiéter de leur essence et de ce qu’elles cachaient…Qu’il était beau le monde pour qui le contemplait ainsi, naïvement simplement, sans autre pensée que d’en jouir !

Hermann Hesse dans Siddhartha

Une pièce musicale de Michael Bacon  – The Buddha

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