Seul ce qui brûle

ImAge feu

Le sublime jeu des mondes, et la création à l’œuvre – en quête infatigable d’autres formes encore et de toutes les combinaisons possibles -, tout cela se déroulait devant moi. Ou était-ce en moi ?

Et même si chaque oiseau semblait s’enivrer d’avoir part au jeu, avait-il en vérité une autre existence que celle de la voilure déployée, de la nuée tout entière ?

Mon pouce eût-il existé un instant par lui-même s’il s’était trouvé détaché de mon corps ? Et si chaque oiseau n’était pas l’entière nuée, comment la volée eût-elle tenu ensemble alors que rien ne la contenait et qu’elle n’avait aucun modèle ni avant ni après ?

En chaque parcelle était le Tout et je le vivais jusqu’au vertige.

*

Je crois que si nous sommes sur terre, c’est parce que la magnificence du jardin d’Éden ne nous était pas supportable. Comprenez-moi : c’est l’énergie de la vénération lorsqu’elle est devenue trop aiguë qui brûle les nerfs de l’homme. Ce n’est ni le dépit ni la malveillance – oh non ! -, c’est la vénération chauffée à blanc qui fait le meurtrier.

*

Une seule chose ma colombe. Il n’est que d’accueillir une bribe de cette souffrance noire dans son propre cœur, de l’y bercer, de l’y soigner. Et d’espérer qu’y œuvre l’alchimie d’amour. Tout le reste est du vent.

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La phrase s’est gravée sur mon front comme sur un linteau :

– Celui qui fait sien son destin – aussi hostile et terrible soit-il – celui-là est libre.

Ce fut le début d’une incroyable transformation, qui s’est poursuivie jusqu’à ce jour où le goût m’est venu de prendre la plume.

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Tout dépend maintenant de la vigilance de ma dévotion amoureuse et, comme je la veux brûlante, l’idée d’en être distraite m’est insupportable.

Christiane Singer dans Seul ce qui brûle

Une pièce musicale de Igor Stravinsky – L’oiseau de feu

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