Comprendre le monde

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Toutes les légendes de notre enfance font souvent semblant de parler au passé simple pour dire un passé qui n’est pas si simple, qui est même très compliqué. Elles disent au passé ce qui n’est pas passé, ce qui résonne au présent et elles disent peut-être quelque chose de l’avenir à la nouvelle génération qui pourra s’en emparer. Voilà pourquoi « il était une fois » est toujours un verbe à l’imparfait. L’expression ne parle en aucune manière d’un événement qui a eu lieu une fois pour toutes. Il s’agit toujours d’une histoire qui s’est suffisamment répétée pour qu’elle soit encore pertinente aujourd’hui. Ce passé n’est pas révolu. « Il était une fois » fait dire : il est et il sera encore bien des fois.

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J’aimerais vous dire un mot de ce que font les rabbins. Beaucoup de gens ignorent ce que font les rabbins, les prêtres et les imams… quand ils ne regardent pas Star Wars. Ils se posent des questions comme le font les conteurs, les réalisateurs, les auteurs. Des questions comme : quoi servent les histoires, comment se transmettent-elles, pourquoi se transmettent-elles et comment peuvent-elles peut-être nous aider à comprendre le monde ? Cette capacité du « il était une fois » à raconter au passé quelque chose du présent est au cœur de très nombreux récits religieux.

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Les réseaux sociaux devraient permettre un dialogue sont de plus en plus souvent des lieux où les gens monologuent. Ce qui devrait créer des liens renforce parfois la solitude. Tel est peut-être l’enjeu de votre génération qui grandit avec ce mode de communication inédit : de penser et repenser autrement les réseaux, de les raconter autrement.

Delphine Horvilleur dans Comprendre le monde

Une pièce musicale de Yanni – Prelude and Nostalgia

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