Vinöbâ

On ne peut parler de non-violence que s’il y a conflit. Qu’on ne peut appeler non-violent celui qui se met à l’abri tandis que le monde est en feu. Celui qui vit tranquillement est peut-être non-violent, mais on n’en sait rien. On le saura le jour où un conflit éclate et où on le verra résoudre le conflit, sans recours à la contrainte ni à la ruse. Car la non-violence c’est de dire à la violence : non ! A la violence, et surtout à ses formes les plus virulentes qui sont l’injustice, l’abus, et le mensonge.

Or, devant le conflit, quelles sont les attitudes possibles ? Nous en voyons quatre, de prime abord. La première c’est de détourner la tête et d’éluder l’affaire, surtout si nous ne sommes pas directement attaqués, puisque, vous le savez, « nous avons toujours assez de courage pour supporter les maux d’autrui » (Chamfort). Tout compte fait, cette histoire ne nous regarde pas. Nous restons neutres, et d’ailleurs nous ne restons pas, nous nous esquivons discrètement. La seconde attitude c’est d’entrer bravement dans la bagarre, d’y rendre coup pour coup et deux pour un, si nous pouvons. La troisième c’est de tourner les talons et d’enfiler la venelle vite assez. La quatrième c’est de lever les mains, de tomber à genoux, d’implorer grâce, d’invoquer la clémence d’Auguste, bref de capituler. Voyez-vous une cinquième attitude possible ?

La cinquième attitude c’est la non-violence. La cinquième attitude exclut également les quatre autres. Exclut la neutralité, exclut la bagarre, exclut la fuite, exclut la capitulation.

Lanza del Vasto dans Vinöbâ ou le nouveau pélerinage

Une pièce musicale de Ludovico Einaudi – Una Mattina

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