L’Himalaya

Je suis entrée dans le plaisir intense d’accéder à ma propre vérité. Je sais désormais à quel point la vérité rend heureux et que chercher la sienne c’est aussi dévoiler celle des autres.

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Ce que l’on ne peut modifier, il faut l’accepter. Accepter. Car c’est d’avoir renoncé à tout sans se résigner à rien que la Vie nous est donnée par surcroît.

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Himalaya : J’ai connu la joie des grands départs, le sac entre les jambes, assise, les bras croisés sur mon bagage, portant les habits du voyage avec un plaisir éclatant. J’ai vécu la fête de se voir partir seule, le corps planté dans cette décision de chercher plus loin la réponse à une question en soi toute proche, à peine formulée. De tout son être étreindre la question, c’est absolument y répondre.

Je suis allée dans l’Himalaya pour me rendre libre de l’Himalaya.

La difficulté ce n’est pas d’apprivoiser la montagne mais d’en supporter l’effarante bonté. Comment supporter l’amour de la montagne ?

Je marche en silence. La marche pose le corps à sa place. Elle le tresse à la montagne et le hisse jusqu’à l’horizon. Les bêtes montent mieux que les hommes. Certains jours, je me sens presque indigne d’être en présence d’une telle qualité de silence.

Sous la tente, le soir, je pleure. Des larmes de joie parce que je comprends ce que je suis incapable de nommer. Rien ne se passe, et pourtant quelque chose d’indéfinissable a lieu.

J’apprends ici qu’il n’existe aucune réponse en dehors de soi.

Un homme qui croit être arrivé est un homme égaré. Toujours il faut recoudre les habits du voyage et repartir en soi-même. Ce n’est pas s’élever dont il s’agit mais s’enfoncer. La véritable ascension relève, en réalité, d’une descente dans les profondeurs.

Lorette Nobécourt dans L’usure des jours

Une pièce musicale de Vangelis – Himalaya

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