Le miroir du divin

Dieu n’est pas caché dans la rose, mais dans le cœur de celui qui le perçoit à travers toute présence. Dieu n’est pas enclos dans le visage ou le corps de l’être aimé, il y transparaît grâce à la puissance illuminative du cœur aimant. Au fond, ce n’est pas la seule foi ni la pratique religieuse qui permettent ces théophanies, c’est l’amour de la beauté qui transfigure toutes choses et révèle leur mystérieuse profondeur, leur éclat divin.

À juste titre, Simone Weil note que, hormis dans les temps médiévaux, « la beauté du monde est presque absente de la tradition chrétienne ». Et pourtant, ajoute-t-elle, « la beauté du monde est presque la seule voie par laquelle on puisse laisser pénétrer Dieu ». Jacqueline Kelen

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Les Chinois ne parlent pas de la nature : ils s’effacent de façon à ce que la nature s’approche et parle d’elle-même, avec son alphabet de nuages blancs et de montagnes bleues, avec l’écriture enamourée des fleurs de cerisiers et la calligraphie fiévreuse du saule pleureur.

Le babil du ruisseau – une sentence inédite de Lao Tseu : je disparais quand j’apparais. Christian Bobin

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La vie de l’autre et celle de la nature ne valent que par le regard sous lequel on les place : un regard qui envisage ou un regard qui dévisage, une lumière instauratrice ou une lumière réductrice. Jean-Yves Leloup

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En montagne, la vie se résume à des gestes très simples : atteindre le sommet, manger, dormir, boire. Le temps, tel que nous le connaissons, n’existe plus. Il s’égraine dans un instant continu. On vit au présent. Dans cet effeuillage de l’inessentiel, je sens que je touche le noyau de mon être. Les religieux appellent cette expérience « Dieu », mais je préfère utiliser des images comme celle d’une source qui déverse de la lumière, de la joie, de la paix. Après avoir vécu dans le froid et la glace, dans un univers minéral, la simple vue d’un brin d’herbe peut me faire pleurer. Je retrouve l’innocence de l’enfant qui s’émerveille devant le miracle de la vie. Lionel Daudet

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Le sens de la beauté conduit à une attitude délicate et contemplative tandis que l’avidité et la convoitise, entretenues en permanence dans la société actuelle, mènent irrémédiablement à la dévastation de la nature et à la déchéance de l’individu. Jacqueline Kelen

Collectif dans La nature Miroir du divin

Une pièce musicale de Bach/Gounod: « Ave maria » – JEAN PIERRE RAMPAL flute

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